Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/777

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il devint impossible de soupçonner aucune supercherie d’écriture cachée. « Le premier de ces deux portraits est parvenu. » Il avait été monté dans un joli portefeuille en maroquin vert et dissimulé sous les ornemens d’église. « Quant au portrait de l’impératrice Joséphine, dit Las Cases, il n’est jamais arrivé à Longwood, bien que, par un contraste assez singulier, on s’y soit trouvé, par suite de quelque mémoire, avoir acquitté les frais de douane de son entrée en Angleterre. »

De Francfort, par Anvers et Ostende, on gagna Londres. L’opinion des ministres anglais fut vile établie sur les voyageurs : « Vous trouverez, je pense, dans l’abbé Buonavita, écrivait lord Bathurst à Lowe, un homme fort inoffensif. » Il était fait pour plaire aux Anglais : quand, le 21 avril 1820, la nouvelle de la mort de George III parvint à Sainte-Hélène, le gouverneur écrivit à l’abbé en le priant d’en faire part à l’Empereur et Buonavita répondit par la lettre la plus courtoise : « Il élevait le défunt monarque jusqu’aux nues pour sa piété, sa fidélité à ses sermens et sa magnanime protection de la liberté et de la sécurité de ses sujets. »

Quant à Antommarchi : « Le médecin, écrivait Bathurst, passe pour fort intelligent, mais je ne crois pas qu’il vous cause d’embarras, vu qu’il paraît disposé à faire des avances au gouvernement britannique en dédiant au Prince régent l’ouvrage qu’il termine. » On voit comme la « Société des Amis des Arts et de l’Humanité » avait eu raison de se méfier lorsqu’elle constata que son employé avait emporté six exemplaires du Prodromo déjà publié, la dédicace au Prince régent, le frontispice, etc. ; on craignait à Florence qu’Antommarchi n’obtint de présenter l’ouvrage au Prince régent et ne s’appropriât la libéralité que voudrait sans doute lui faire Son Altesse Royale. Antommarchi avait vu légèrement O’Meara et Stokoë qui n’avaient à la vérité pas grand’chose à lui dire, mais, grâce au titre dont il était revêtu et à celui qu’il prenait de professeur d’anatomie, il s’introduisit près des médecins anglais en réputation, pour se ménager des relations et obtenir des souscriptions.

il n’économisait point ses visites ; il sollicitait à droite et à gauche des consultations, en communiquant les rapports d’O’Meara ; grâce à des lettres qu’il avait obtenues à Florence, il se poussait dans le monde : ainsi alla-t-il chez lady Jerningham, qui était Dillon et la tante de Mme Bertrand. « Un