Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/679

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poursuite des sous-marins en cours d’opérations, nous permettent de l’emporter à bref délai dans cette lutte acharnée ?

Je ne le pense pas. Et je ne le pense même pas, en toute franchise, depuis que, par l’entrée en ligne des Etats-Unis, nos moyens d’action, en ce qui touche la méthode que je viens de définir, peuvent être considérés comme fortifiés d’une notable manière. Entendons-nous bien : je ne dis pas que nous ne détruirons pas un plus grand nombre de sous-marins ; je suis même assuré du contraire, et déjà, dans cette seconde quinzaine de mai, le « tableau » semble devoir être sensiblement plus fourni. Je dis seulement qu’il n’est certain, ni que les Allemands n’arriveront pas à balancer ces pertes plus grandes par une production encore plus active ; ni que nos pertes, à nous, seront très sensiblement réduites ; ni que, le fussent-elles, ces pertes pourraient être couvertes par la construction [1] dans un délai assez rapproché ; ni, enfin, que les neutres du Nord se décideront à reprendre la navigation et à fournir ainsi à notre ravitaillement l’appoint indispensable du tonnage dont ils disposent encore...

Or je prétends que nous ne pouvons pas rester dans cette incertitude, qui n’est rien moins que celle du to be or not to be.

Il faut donc faire autre chose et, à la méthode exclusive de « poursuite des sous-marins en cours d’opérations, » joindre celle qui consiste à empêcher ces submersibles, soit de sortir de leurs bases, soit d’y rentrer si, par hasard, ils réussissaient à s’évader.

Ni l’idée ni l’expression ne sont nouvelles pour les lecteurs de ce recueil, puisque c’est dans l’automne de 1914 que j’ai formulé pour la première fois, à ce sujet, des propositions bien souvent renouvelées depuis. Avec les réserves indispensables, — réserves qui m’empêchent malheureusement de fournir à cette élite quelques-uns de mes meilleurs argumens, — j’ai exposé [2] les points fondamentaux de la méthode de guerre navale qui satisferait d’une manière complète aux conditions du problème. Je n’y insiste donc pas. Je me borne à rappeler que l’Amirauté britannique semble avoir accepté, il y a quelques mois, mais avec une sorte de timidité, le principe essentiel du système,

  1. Voyez la Revue du 1er mars 1917 : « La guerre de côtes et les deux blocus. »
  2. Revue du 1er mars 1917, déjà citée.