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Depuis le 5, le général Foch, avec le titre d’adjoint au commandant en chef et la mission de coordonner les efforts des troupes engagées de l’Oise à la mer, dirigeait de haut, avec une fermeté rare et une ingénieuse activité, les opérations des armées du Nord. Le 20, son attention était, pour les trois quarts, absorbée par les angoissans événemens de Flandre. Il allait, le 24, transférer son grand quartier général, de Doullens, dans le vieil hôtel de ville de Cassel, et ce transfert même eût suffi à indiquer quel intérêt capital prenait à cette date la bataille entre Lys et mer.

La Course à la mer était close, décevant le plan allemand de débordement ; mais les Allemands ne sont pas gens, on le sait, à se résigner facilement à une déception ; ils allaient essayer d’obtenir par une formidable poussée le résultat qu’ils n’avaient pu atteindre par la rapidité de leurs mouvemens, et la Course à la mer n’était pas terminée que la Bataille des Flandres battait déjà son plein.


II. — LE CHAMP DE BATAILLE

« La partie de l’Europe où les Pays-Bas expirent en face de l’Angleterre et qui s’ouvre entre l’Ardenne et le Pas de Calais vers le bassin parisien est une région historique entre toutes, » écrivait, en 1904, M. Vidal La Blache.

La géographie ici, une fois de plus, explique l’histoire. Ces plaines attirent la bataille. C’est, entre la mer et les massifs boisés de l’Ardenne, le champ ouvert aux grands tournois, arène immense, commode à qui entend manœuvrer et, d’ailleurs, trouée énorme où les armées se peuvent engager à l’aise, sans être pour ainsi dire gênées par rien, ni fleuves profonds, ni forêts épaisses, ni chaînes élevées. Et l’enjeu, par surcroit, a toujours paru à la portée immédiate du vainqueur ; car, si ce pouvait être, pour qui venait de France, Bruxelles, Anvers, Liège, ce peut être, pour qui se rue des Allemagnes ou des Pays-Bas mêmes, Dunkerque, ce peut être Lille, ce peut être Calais, — et par delà Arras, Paris, et par delà Boulogne, Douvres et Londres : « bassin de Londres et des Flandres, écrit encore le géographe, parties d’un même tout. »

Jamais plus qu’en parcourant, il y a quelque temps, cette