dans le même sentiment de l’indépendance de l’Union, la profonde conscience du devoir des gouvernemens envers les hommes et des nations envers les peuples. L’esprit d’égalité entre les hommes, qui était celui de Lincoln, prépare aujourd’hui l’esprit d’égalité entre les nations, qui est celui du président Wilson. Et dans les mots fameux du message du 2 avril, demandant aux États-Unis d’entrer en guerre pour le salut de la liberté, l’écho des paroles de Gettysburg se prolonge.
... L’observation car du train spécial où les membres de la mission sont remontés se jonche et se tapisse de fleurs : lis de France et roses d’Amérique, couronnes et gerbes, dont, en lettres d’or, sur des flammes tricolores, de multiples inscriptions précisent l’hommage. Parfois, quand le train ne s’arrête qu’une ou deux minutes, dans quelque gare importante, la population, contenue par une frêle barrière de boy-scouts, s’approche : une fanfare éclate, d’anciens soldats de la guerre civile saluent, un vieil Alsacien s’avance, des poignées de mains s’échangent...
A Arcola, le train, brusquement, sort des rails. Le premier wagon, où se trouvaient seulement les bagages, est entièrement renversé. Dans le wagon-restaurant, où dine la mission, grand cliquetis de verres, d’assiettes et de tables brisés. Le maréchal est jeté à terre, heureusement sans rien perdre de cet impassible et bienveillant sourire qui, durant tout le voyage, l’accompagnera. Au dehors, pendant que les reporters s’empressent de téléphoner la nouvelle, un cavalier paraît dans la nuit. Aucun accident de personne, aucun soupçon d’attentat. Les deux lourdes locomotives du train ont simplement écrasé sous leur poids la voie trop faible d’une petite ligne de raccordement. Le chef du service secret, M. Nye, et les ingénieurs de la Compagnie arrivent promptement à cette conclusion, qui serait rassurante si, dans le train, qui que ce fût eût eu à cet égard une inquiétude. Le seul effet de l’incident est de retarder la mission, immobilisée pendant toute une nuit dans la petite gare d’Effingham. Au matin, un nouveau train arrive, auquel s’attache la dernière voiture, l’observation car, absolument intacte, où se trouvaient les appartemens des chefs de la mission,. Accourus en toute hâte, les gens, respectueusement, se découvrent. La déférence, la cordialité sont partout.
En dépit du changement d’horaire qui supprime certains