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Prusse, par un message où il annonce la mise à l’étude d’une réforme future du système électoral pour la Chambre des députés du Landtag prussien. C’est-à-dire que la question est mal posée, ou qu’il n’y est pas répondu. On a dit : Allemagne, Guillaume II a entendu : Prusse. Du côté de l’Empire, était sa mauvaise oreille.

Cependant, le Centre, les groupes de gauche, acceptent, remercient, se congratulent, pour le premier point, et, pour le second, ils demandent un supplément d’informations. C’est le deuxième moment de la crise, et c’est le moment où elle se corse, où le conflit se noue. Jusqu’alors, elle a paru s’orienter, à l’intérieur, vers une solution libérale, et, sur le reste on temporise, on feint de se désintéresser. Mais les pangermanistes sont en éveil. Ils craignent qu’une concession n’emporte l’autre, et que l’inclination vers la réforme ne soit un glissement vers la paix. Ils tirent alors toutes les courroies de la mécanique fédérale, bandent tous les muscles de la caste féodale et de la caste militaire, appellent au secours les princes qu’effraient les répercussions possibles dans leurs États héréditaires, les royaumes qui ne sont pas la Prusse et qui, avec la Prusse, forment l’Empire, la Bavière, la Saxe, le Wurtemberg ; ils appellent leurs amis, leurs favoris, les hommes de leur sang et de leur chair, en qui sont leurs remparts et leurs forteresses, le Kronprinz, Hindenburg, Ludendorff. Une fois de plus, ils jettent le fils en travers des desseins du père. Celui-là, c’est le complice sur qui l’on a la main ; il ne peut ni s’évader, ni se dérober, ni s’enfuir : il n’est pas las, mais avide de régner. Dès qu’il est à Berlin, l’Empereur disparaît dans son ombre dégingandée. Lui, si théâtral, il ne se montre plus ; lui qui a prononcé, dans la foudre et dans les éclairs, tant de « Je » et de « Moi, » il se tait, et presque il se terre ; lui qui se piquait d’associer sur le trône Frédéric et Napoléon, Charlemagne et Louis XIV, il n’a plus de commun avec le soleil que l’éclipse. Il reviendra, quand il n’y aura plus à présider que des thés à baisers Lamourette. Pour les affaires graves, c’est Ludendorff qui confère avec les chefs de partis, Hindenburg opinant du bonnet et de la moustache, et c’est le Kronprinz qui préside le colloque. Cet héritier prend une avance d’hoirie. Sous son impulsion, le mouvement oblique et dévie. Le ministre de la Guerre, général von Stein, donne sa démission, suivi de plusieurs ministres prussiens, et l’on pronostique retraite sur retraite, chute sur chute : M. Zimmermann, M. Helfferich, M. de Lœbell, M. Beseler, M. Soif, M. de Sydow. Soudain, c’est M. de Bethmann-Hollweg qui s’en va, et, sans délai, c’est M. Michaelis qui le remplace. Troisième moment et quatrième