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supporte que partiellement les conséquences pénibles de la hausse. D’ailleurs, pour les journaliers des deux sexes comme pour les domestiques, l’augmentation considérable du prix de la main-d’œuvre compense — et fort souvent au delà — l’élévation du cours des denrées alimentaires, surtout à la campagne, où les familles d’ouvriers ruraux possèdent un jardin et profitent de sa culture. Un très grand nombre de journaliers sont même propriétaires, et non pas seulement locataires d’une certaine étendue de terre.

En un mot, le groupe agricole dans notre pays ne saurait être intéressé au maintien ou à l’établissement des taxes.

Or, la population agricole — qu’il ne faut pas confondre avec la population rurale — représente environ 45 pour 100 de la population totale de la France. Ce chiffre doit être retenu ; il est assurément instructif et suggestif au point de vue qui nous intéresse.

On nous accordera que dans les autres groupes sociaux, parmi les industriels, les commerçans, les fonctionnaires, les personnes exerçant des professions libérales, le nombre des nécessiteux-est fort restreint. A cette heure, cependant, les plus riches comme les plus pauvres profitent de la taxation, et notamment ils bénéficient des dépenses énormes faites par l’Etat pour acheter à l’étranger des denrées alimentaires qu’il revend à perte, de façon à ne pas élever les prix. Nos seuls achats de blé ont occasionné des sacrifices se chiffrant par des centaines de millions. Quelques indications précises nous ont été fournies, à cet égard, par des documens officiels.

Les salariés du commerce, de l’industrie, des transports, etc. sont à coup sûr intéressans, mais les statistiques relatives au chômage nous rassurent encore, et, de plus, nous savons très exactement que les salaires se sont élevés avec une extrême rapidité depuis dix-huit mois ou deux ans. Nous avons recueilli nous-même, en province, des informations nombreuses se rapportant spécialement aux salaires féminins. Dans les usines, les manufactures, les ateliers, les salaires ont au moins doublé. A ces salaires s’ajoutent pour les femmes de très nombreuses allocations distribuées — c’est l’opinion générale — avec une générosité excessive.

Enfin, les institutions de « secours aux pauvres » n’ont pas cessé de fonctionner et la solidarité sociale, à titre public ou