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Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/143

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de l’orchestre, du chœur et de Kensei lui-même qui joue le rôle du deutéragoniste ou « waki. »


LE SHITE. — La flûte des faucheurs, le chant des bûcherons, ont pris place dans les vers des poètes et sont célèbres dans le monde. De notre flûte de bambou si vous croyez entendre les sons, ne vous étonnez point. La flûte des faucheurs.
LE WAKI. — Le chant des bûcherons,
LE SHITE. — Sont comme une musique qui accompagne la traversée de ce monde d’illusion.
LE WAKI. — Et le chant
LE SHITE. — Et la danse
LE WAKI. — Et la flûte
LE SHITE. — Et la musique,
LE CHŒUR. — Sont passe-temps que chacun choisit à son gré.

Mais comme le moine demeure surpris que les autres faucheurs soient partis, et que le « shite » seul soit resté, celui-ci ajoute :

Quelle en est la raison ? dites-vous. Parmi les vagues du soir,
Je suis venu écouter une voix qui réconforte.
Veuillez faire pour moi les dix prières.

[Ce sont les dix prières qui composent l’invocation à Amitabha Buddha.]

Le moine se déclare prêt à faire les dix prières, mais, au moment où il demande au « shite » qui il est, et où le « shite » répond :

A vous dire le vrai, je suis un parent d’Atsumori,


sa forme disparaît et s’évanouit. Le moine interroge alors un passant, un paysan qui, dans un long récit, lui raconte la bataille de Suma, le combat entre Kumagai et Atsumori, et la mort de ce dernier.

Ici s’ouvre la deuxième partie. Tandis que le moine, accomplissant les rites, se met en prière, l’esprit d’Atsumori portant le masque de jeune homme et le chapeau de cour noir, les cheveux longs tombant sur les épaules et dans le dos, le sabre passé dans la ceinture et l’éventail à la main, le bras droit dégagé de la manche et la partie droite du vêtement ramenée en arrière dans l’altitude du combat, s’avance sur le devant de