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lieutenant-colonel Colas, commandant la place de Reims, représentant le général de division, le sous-préfet, deux adjoins au maire et quelques conseillers municipaux, etc. Au pied du rustique escalier descendant à la classe, près de ce petit groupe de notabilités, une quarantaine de parens d’enfans étaient massés ; en face, tous les élèves de l’école « Dubail » (près de 300) et des délégations des neuf autres écoles existant alors à Reims, accompagnés de tout le personnel enseignant., Dans cette salle basse et mal éclairée, quoiqu’il fût dix heures du matin, et qu’assombrissait encore la bâche notre du fond, mal voilée par quelques faisceaux de drapeaux des nations alliées, — cette fête enfantine, à moins de 2 000 mètres de l’ennemi, fut, on le devine, des plus impressionnantes.

En 1916, l’examen du certificat d’études dura deux jours, les 7 et 8 juillet, parce que le nombre des candidats était beaucoup plus considérable que l’année précédente. Au lieu de 48, ils vinrent 125 ; 107 furent admis. Ce fut, comme je l’ai dit, la « Promotion de la Victoire, » à cause de nos éclatans succès de la Somme. J’ajoute que le cours complémentaire de jeunes filles a fait recevoir, au brevet élémentaire quatre aspirantes sur quatre élèves présentées, à l’Ecole normale une aspirante pour une présentée et que cette élève a été classée première pour tout le département de la Marne. Voilà dans quelle mesure nos « petits bombardés » ont été troublés dans leurs études par la barbarie allemande : quelle preuve plus convaincante pourrait-on donner du courage de ces enfans, et de l’utilité de nos « écoles de guerre ? »


Non moins courageux que leurs collègues de la grande ville, tous les instituteurs non mobilisés et les institutrices de la banlieue restèrent à leurs postes où ils rendirent de signalés services à la population, aux municipalités et à l’armée. Malgré la proximité de la ligne de feu, éloignée seulement de 2 à 6 kilomètres, les écoles de plusieurs villages sont restées ouvertes jusqu’au 31 mars 1917 ; je les ai fermées quelques jours seulement, lorsque les projectiles ennemis tombaient dans le voisinage. Et là comme à Reims, aucun des 200 élèves qui les ont fréquentées chaque année ne fut victime d’accident. Dans d’autres communes où le danger était réellement trop