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«… Sarrelouis, en 1815, pas plus que l’Alsace-Lorraine en 1871, n’a accepté la mutilation, et la clause du Traité de Paris, relative à la cession du territoire, comme le paragraphe XI du Traité de Francfort, imposé par un odieux abus de la force, n’a de valeur ni légale ni morale pour le principal intéressé, les populations n’ayant pas été consultées et n’ayant jamais montré la moindre velléité de sanctionner semblable spoliation… »

Après avoir rappelé qu’un très grand nombre de jeunes gens sarrelouisiens, pour ne pas servir l’Allemagne, se sont engagés dans la Légion étrangère et ont fait bravement leur devoir dans toutes les guerres qu’entreprit la France depuis 1815 jusqu’en 1892, Georges Balcer ajoute :

« Les malheurs de 1870 nous ayant de plus en plus rapprochés de nos frères d’Alsace-Lorraine, notre cause est, de nouveau, devenue leur cause ; leurs intérêts, nos intérêts. »

L’auteur se demande ensuite « comment soulever l’opinion publique » en faveur des revendications des amis de la France, alors que la France elle-même semble assez indifférente à leur sort et que « l’esprit d’une partie de la jeunesse sarrelouisienne d’aujourd’hui, faussé par des années de machiavélique culture, reste assez indifférent à une intervention effective, à une action de vigueur ; lorsque, à Sarrelouis même, l’élément étranger est devenu, depuis 1870 surtout, pas encore la majorité, Dieu merci I mais la partie la plus bruyante de la population, ennemi déclaré de nos aspirations, hostile au plus haut degré à toute idée de rétrocession. »

Tout cela n’est point pour décourager Balcer qui proclame que « les pays de la Sarre étant territoire lorrain, ce fait rend tout commentaire superflu ; » les Allemands eux-mêmes l’ont reconnu en offrant, à Dresde, en 1813, la ligne du Rhin, comme limite de la France. Les confiscations de 1814 et de 1815 ne furent que la préparation de celle de 1871, et celle-ci, ajoute notre auteur, — il écrit en 1892, — « n’est que la seconde étape pour arriver lentement, mais sûrement, à ce démembrement final qui ne s’arrêtera que lorsque la Lorraine tout entière, la Franche-Comté et probablement l’ancien royaume d’Arles, la Provence et la Flandre auront fait retour à l’Allemagne. Car, alors seulement, pourra se réaliser le grand rêve tant choyé par des générations d’illuminés, de voir renaître de ses cendres le