Si les armées de l’Entente combattent aujourd’hui sur un front unique et pour un idéal commun, elles conservent toutes une physionomie propre qui tient à leur caractère national, et dont la guerre a eu pour effet d’accuser les traits distinctifs. On sait quelles ressources présentent les témoignages de leurs combattant pour pénétrer leur âme collective, et l’on a eu occasion de montrer ici même comment la lecture des nombreux recueils de carnets de route ou de lettres du front publiés en Allemagne nous aidaient à connaître les dessous de la mentalité germanique[2]. C’est un intérêt d’un autre ordre qu’éveille une enquête du même genre, entreprise, non plus sur un adversaire dont nous sépare un abîme moral plus profond que les griefs du patriotisme, mais sur celui de nos alliés auquel nous unissent les souvenirs de gloire les plus récens, les relations de voisinage les plus étroites, les affinités de race les plus évidentes. Pour la première fois depuis les guerres de son indépendance, l’Italie vient d’apparaître sur les champs de bataille d’un grand conflit européen. Si l’heure n’est pas encore venue d’écrire l’histoire et de mesurer les suites de son intervention, du moins est-il possible de rechercher dès maintenant, dans les
- ↑ Begey (Ernesto), In Memoriam, Turin 1916. — Borsi (Giosuè), Lettere dal fronte, Turin 1916. — Liberi (biographies et lettres de volontaires catholiques), Rome 1917. — Margheri (Federigo), Lettere di un caporale dell’84e fanteria, Florence 1917. — Pascazio (Nicola), Dalla trincea alla Reggia, Milan 1916. — Valentini (Enzo), Lettere e disegni, Pérouse 1916. — Lettres du front publiées dans les journaux quotidiens (notamment dans l’Azione de Cesena).
- ↑ Voyez la Revue des 1er novembre et 1er décembre 1916.