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la rivière. Si l’armée allemande eût passé, tout était compromis : mais elle ne passe pas. Désormais, le 9e corps, puis d’autres unités qui vont former la 9e armée Foch, se sont accrochés à ses flancs, et, jusqu’à la bataille de la Marne, ils ne la lâcheront pas.

Ici encore, nous avons l’aveu des Allemands : l’erreur de von Hausen, qui le fit bientôt écarter des cadres de l’armée, est appréciée en ces termes : « Ce n’est que le 23 août que la Meuse fut franchie. Si l’état-major de la IIIe armée (armée saxonne von Hausen) avait pris de meilleures dispositions, le passage de la Meuse aurait pu être effectué bien plus vite. Ce retard a, sans aucun doute, contribué aux insuccès de l’armée allemande au commencement de septembre et les forces allemandes marchant sur Paris ont dû être groupées différemment. » (Kircheisen.)

Enfin, l’armée alliée n’avait pas été détruite ; c’était le véritable résultat que se promettait la manœuvre : découvrir Paris, faire le chemin libre à l’armée allemande de l’Ouest marchant au-devant de l’armée allemande de l’Est, celle-ci débouchant par la Trouée de Charmes.

Or, ce but plus général était aussi manqué. L’armée britannique et l’armée Lanrezac se retiraient par ordre ; on ramenait même la garnison de Namur. La plupart des corps de l’armée alliée étaient intacts. Le 1er  corps ne s’était engagé que dans le combat, considérable au point de vue stratégique, mais insignifiant au point de vue tactique, d’Hastière-Onhaye ; les corps qui avaient été le plus éprouvés, le 10e et le 3e corps, avaient, sauf un moment de désarroi au 3e corps, conservé un moral excellent et une confiance inébranlée. Le 18e corps ne s’était trouvé engagé que le 23 et il était resté sur l’impression d’un succès. Les deux divisions de réserve du général Valabrègue n’avaient pas donné. Si le corps de cavalerie était fatigué par sa grande randonnée et les engagemens soutenus en Belgique, il était déjà remis par deux jours de repos et les services qu’il allait rendre pendant la retraite prouveront, qu’il n’était rien moins qu’anéanti. L’armée britannique avait combattu quelques heures, le 23, au Sud de Mons, et elle avait pris très rapidement le parti de la retraite. Si les premières journées de cette retraite avaient été assez dures, l’armée du maréchal French, qui n’avait eu qu’un peu plus de 2 000 hommes hors de combat et se trouvait renforcée, le 25, par des troupes nouvelles, était encore