Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/528

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La place prise dans le royaume par l’aristocratie était la source d’un mécontentement toujours accru. On voyait que la Prusse, malgré toute sa défiance de la noblesse rhénane, s’efforçait peu à peu de reconstituer la grande propriété foncière abolie après 1789, et la tentative soulevait d’autant plus d’inquiétude que les ventes de biens nationaux, qui avaient enrichi tant de particuliers, semblaient menacées. Un Ordre de Cabinet du 18 janvier 1826 abrogea les dispositions françaises qui ne reconnaissaient ni dignités, ni qualifications, ni armoiries, ni privilèges nobiliaires, et invita les nobles à faire les preuves de leurs titres.

Ce n’est point tout. On a noté avec quelle énergie le Landtag, parmi tant d’autres griefs, avait réclamé en 1837 le contrôle des impôts. C’était là l’un des points les plus brûlans de la situation. Le peuple, pour se défendre, aurait voulu que ce contrôle fût exercé par une représentation issue de lui. Il aurait désiré, pour mieux résister à un pouvoir arbitraire, la liberté de la parole et de la presse. Or, tout cela lui était refusé. Aux contributions françaises se surajoutaient, dans les premières années, des contributions prussiennes, et Goerres, dans sa pétition de 1818, n’avait pas manqué de protester. Une nouvelle organisation était survenue, apportant avec elle l’ordre et l’harmonie. Mais il importait peu que l’administration financière fût bonne, du moment que les taxes demeuraient très lourdes. D’ailleurs, la législation fiscale prussienne, introduite en 1821 dans le Rheinland et en Westphalie, n’avait pas supprimé l’impôt foncier français non plus que les centimes additionnels. Que l’octroi fût aboli, cela sans doute était appréciable, mais les charges n’en étaient pas diminuées, bien au contraire. Un fonctionnaire, von Heiman, président du cercle d’Aix-la-Chapelle, voulut prouver que du temps de Napoléon les contributions étaient plus élevées d’un tiers. Benzenberg, de Clèves, présenta des calculs analogues ; il affirma que, dans le gouvernement d’Aix-la-Chapelle, les habitans, en 1813, payaient 5 thalers, 2 groschen d’argent et 8 pfennigs par tête, et qu’en 1822 vis versaient seulement 4 thalers, 8 groschen d’argent et G pfennigs, dont 14 groschen d’impôts communaux.

Mais ces démonstrations officielles ne persuadèrent pas les Rhénans. Ils comptaient en 1830 qu’ils acquittaient par an 49 726 621 francs d’impositions directes, tandis que Napoléon