voyageurs reprirent la mer le 24 novembre, furent retenus par le mauvais temps à Sestri, et ne retrouvèrent qu’à Lerici la bonne berline des premiers jours.
A Pise, on recommença à se passionner pour les arts, mais, suivant les idées de l’époque, la cathédrale fut jugée d’un coup d’œil et dédaignée, pour son extérieur « gothique » et son intérieur « décoré sans goût. » Quelques peintures du Campo Santo trouvèrent grâce, à cause « des têtes qui ont beaucoup de vérité ainsi que des plis bien vrais, mais sans effet. » Le marquis de Barbentane, envoyé de France auprès du grand-duc de Toscane, se trouvait à Pise avec sa famille. Il inquiéta Bergeret sur le climat de Florence en décembre, et celui-ci décida de ne s’arrêter, pour cette fois, que vingt-quatre heures. Frago fit voir quelques églises, toutes « d’un goût simple, noble et éloigné absolument du colifichet de Gênes, » la cour du palais Pitti, qui a « un faux air du Luxembourg » et les jardins Boboli. On mit douze heures pour aller à Sienne, où le logis fut pris aux Trois Rois. Après un bon souper au coin du feu, on parcourut la ville, le falot allumé, et l’on observa que les maisons étaient « très hautes. » « Nous n’en verrons pas davantage, écrit Bergeret, dans cette saison froide et de jours courts ; à notre retour, et par les temps chauds, nous en saurons davantage. »
Au reste, nos voyageurs sont pressés d’arriver à Rome. Après deux étapes encore, Radicofani et Viterbe, ils y entrent par la porte du Peuple, à la nuit tombée, le dimanche 5 décembre.
La première visite de l’ami et protecteur des arts, accompagné de son peintre, est pour le Palais Mancini, au Corso, que dirige M. Natoire, comme au temps où Frago y était pensionnaire. L’excellent homme leur fait les honneurs de la maison, des ateliers, des collections. Ils vont ensuite jeter le coup d’œil des nouveaux arrivans sur l’intérieur de Saint-Pierre, saluer le cardinal de Bernis, ambassadeur du Roi, et prendre une idée de la ville. Bergeret exalte, sans plus tarder, une admiration bavarde : « Que de palais, que de fontaines, que déplaces, que d’antiques ! » Et le voici, les jours suivans, dès huit ou neuf heures du matin, à la disposition de son guide, voyant dans la même journée le Panthéon, Saint-André della Valle, le tableau