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au Musée royal d’antiquités installé alors à Portici, aux fouilles d’Herculanum et aux parties déblayées de la ville de Pompéi où « ce sera, dit-il, une jouissance singulière de pouvoir un jour se promener dans toutes les rues, » Il fait déjà une observation intéressante sur cette découverte toute récente de Pompéi, qui excite la curiosité de l’Europe entière. Tous les meubles d’usage rencontrés dans les maisons ont été portés dans les cabinets du roi à Portici ; n’aurait-il pas mieux valu en laisser quelques-uns, « qui auraient touché et intéressé davantage à leur place ? » On sait qu’il a fallu attendre plus d’un siècle pour que ce souhait si raisonnable fût exaucé.

Bergeret voulut voir les travaux de Caserte, où l’on construisait un château immense, « fait pour-être dans dix ans bien à peu près comme celui de Versailles et les jardins. » Mais Frago l’assura que cette énorme bâtisse était médiocre ; l’escalier et le vestibule achevés présentaient « beaucoup de plans tourmentés et quantité d’angles fort baroques, lesquels sont garnis de colonnes et pilastres en beau marbre. » « Ces défauts, ajoutait-il, ne paraissent peut-être tels qu’aux gens qui aiment l’architecture raisonnée et sage ; » les autres ne verront que « l’air de magnificence, » et tout le monde y applaudira, « par la raison qu’il y a dans ce pays-ci bien peu de connaissance et très peu d’artistes instruits. » Et comme on a montré à nos Français la provision de marbre pour faire les statues, ils constatent que les blocs sont fort maladroitement taillés et qu’on ne peut avoir plus mal à propos « massacré du marbre. » Au reste, « les talens par toute l’Italie sont bien engourdis et tous les métiers comme serruriers, artisans, sont encore dans la barbarie. » On voit quelles comparaisons viennent à l’esprit avec les beaux métiers d’art de France, qui arrivent à leur perfection précisément à ce moment du siècle.

La musique à Naples est des plus médiocres, sauf au théâtre florentin, où l’on entend celle du « Pichini, fameux compositeur, » qui est excellent. « Le roi de France lui fait une pension pour l’attirer à Paris, où il sera rendu dans juillet prochain. On y connaît déjà des fragmens de sa musique ; il y a tout lieu de croire qu’il réussira… Ce sera une bonne acquisition que fera notre nation. Gare la secousse à la musique française ! » La compagnie assiste à un concert chez Piccini lui-même et en sort enthousiasmée. Naples compte