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— Il y a aussi, ajoute un autre officier, l’institutrice de Lagny, Mlle Bourdon, qui a fait tout le ravitaillement civil de sa commune, et qui a sauvé les archives de la mairie.

Quoi de plus touchant que d’entendre ces hommes si braves parler ainsi des braves gens qu’ils ont retrouvés dans les régions libérées, et auxquels, étant bons connaisseurs en fait de courage, ils veulent rendre d’abord un hommage motivé ?


Maintenant il faut songer à l’avenir. Il sera d’autant plus consolant, que nous aurons travaillé davantage, dans le présent, à en préparer les bienfaits libérateurs. On a remarqué que les familles nombreuses sont les plus promptes à reprendre leur place sur le sol des régions dévastées. Elles deviennent des centres d’attraction. Leur présence ramène la vie dans le désert et rend la parole aux solitudes silencieuses. Pour leurs enfans, les écoles se sont rouvertes dans les communes de Suzoy, de Marest-Dampcourt, de Rethonvillers, de Marché-Allouarde, de Dury, d’Aubigny, de Grandru. L’armée a fourni des instituteurs militaires à plusieurs communes, notamment à Commenchon, dans le canton de Chauny, à Beaumont-en-Beine, à Ugny-le-Gay, à Caumont. Il faut que les écoles soient partout rouvertes, et qu’aussi les églises rebâties puissent offrir un refuge idéal aux âmes en détresse, un asile spirituel aux âmes encore tendres et neuves. Toutes ces pauvres âmes, violemment dispersées par les tourbillons d’une effroyable tempête, reviennent au nid, à tire d’aile, comme des oiseaux blessés. Pour elles, la fraternité française fonde des œuvres excellentes. La « Renaissance des foyers détruits par la guerre » vient d’étendre aux villages libérés de l’Oise, de la Somme et de l’Aisne le bienfait matériel et moral d’une action organisée depuis longtemps déjà dans les départemens de Meurthe-et-Moselle et des Vosges. Le « Bon Gite » est une œuvre essentiellement rurale, qui se propose, en donnant du mobilier aux familles éprouvées, de faciliter et d’encourager le retour aux champs et la culture de la terre. Le Comité de l’ « Abri, » fondé en temps de paix pour distribuer des secours de loyer au moment du terme, a décidé, pendant la guerre, que les meubles fournis à l’œuvre pourront être emportés par les réfugiés au moment de leur retour aux foyers reconquis. Le « Secrétariat français des villages libérés, » les associations de « l’Aisne dévastée, » de « la Somme