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gouvernement allemand a espéré acheter la neutralité de la Grande-Bretagne, en s’engageant à garantir l’intégrité de notre territoire continental, mais en se réservant de disposer à son gré des colonies françaises, — après quoi le reste, c’est-à-dire la France métropolitaine, eût constitué le menu tout indiqué d’un prochain repas du Minotaure[1]


II

Le conflit est maintenant déchaîné, mettant l’Europe entière au régime du fer, du feu et du sang. Comment se déroule-t-il au seul point de vue qui nous occupe ici, celui du jeu des facteurs économiques ? Quelles espérances fait-il naître chez l’ennemi momentanément triomphant ? Un bref retour en arrière est nécessaire pour bien comprendre la suite et la portée des faits qui se sont déroulés depuis le 1er août 1914.

On a vu plus haut ce qu’est devenue, surtout depuis le début de ce siècle, la merveilleuse prospérité de l’industrie et du commerce germaniques. Toutes les branches de la science, et de l’activité humaine y ont assurément contribué, mais, plus que toutes autres, celle qui est aux temps présens la clef de voûte de toute puissance économique, parce qu’elle fournit à la fois à celui qui la détient et des matériaux de construction et des chemins de fer, et des matières pour fabriquer des outils de manufacture ou des machines agricoles et du fret lourd pour les navires, et des têtes pour aménager des bateaux et les armes utiles tant sur terre que sur mer, à savoir : l’industrie minière et métallurgique. « Le charbon, a dit le Mémoire adressé au chancelier impérial par les six grandes associations économiques allemandes le 20 mai 1915, le charbon est un des moyens d’influence politique les plus décisifs : les États neutres industriels, — (témoin la Suisse et la Hollande), — sont obligés d’obéir à celui des belligérans qui peut leur assurer leur provision de combustible. » Or, la force que possède de ce chef l’Allemagne lui provient surtout de ses victoires dans ses guerres antérieures contre la France.

J’ai montré ailleurs et n’y reviens que pour mémoire[2]

  1. Voir Ch. Schefer, La Politique coloniale allemande et le conflit européen, Revue des sciences politiques, 15 avril 1915.
  2. « La Guerre économique de demain, » conférence faite le 19 octobre 1916, sous les auspices de la Ligue française. Consulter surtout sur ce sujet les importantes publications de MM. Engerand, de Launay, Driault et Schefer, Maurice Alfassa, etc.