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de barrière d’ampleur exceptionnelle, — quoique garantie par toutes les Grandes Puissances, n’a réussi à protéger ni la France ni la Belgique elle-même contre l’assaut brusque des malfaiteurs. On sera donc très logiquement conduit à désarmer ceux-ci, et tout le monde avec eux, par avance. Mais, parvenus à ce point de la nouvelle et durable organisation de l’univers, les futurs congressistes de la paix ne devront pas oublier que Napoléon Ier, qui pourtant s’y connaissait, a échoué dans pareille entreprise après Iéna, et que, tout au contraire de ce qu’il escomptait, la limitation d’effectifs qu’il a imposée à la Prusse fut pour celle-ci l’occasion d’inventer le service à court terme et d’instituer ainsi les inépuisables réserves de soldats, où tous les pays du monde trouvent maintenant à son exemple les moyens de poursuivre la lutte.

On s’avisera donc que, ne pouvant ni ne devant distraire les hommes de leur terre natale, c’est aux armes elles-mêmes qu’il faut s’en prendre, et par conséquent, aux matières qui servent à les fabriquer, ce qui seul donnera à l’univers des garanties de paix, aussi bien militaire qu’économique, — garanties bien plus efficaces à tout le moins que le détrônement des Hohenzollern ou leur mise en conseil judiciaire par les soins d’un Parlement qui a été trop longtemps accoutumé à la servitude pour savoir comment on peut devenir et rester le maître, et qui est en réalité imprégné jusqu’à la moelle des traditions plusieurs fois séculaires des hobereaux.

Mais, diront les esprits chagrins, cette solution n’en est pas une : possédées par un autre, cet autre fùt-il quelque État neutre genre Luxembourg, les mêmes matières premières détermineront les mêmes ambitions, la même mégalomanie qu’elles ont fait naître chez leurs présens détenteurs. Sans doute : aussi cette solution n’est-elle point la solution véritable. Et, puisqu’aussi bien M. Wilson nous convie à travailler désormais, non plus pour la gloire ou la prospérité d’un peuple déterminé, mais pour celles de l’humanité tout entière, à laquelle nous devons épargner le retour de pareilles catastrophes, suivons jusqu’au bout ce raisonnement et n’hésitons pas à emprunter à l’internationalisme de toute provenance, juridique, socialiste ou autre, certains élémens de notre construction idéale.

Le socialisme réclame la nationalisation du sous-sol : dans