L’enfant prodigue, ami, ne regrette plus rien.
L’amour natal a débordé. Tout est amer
Qui n’est pas lui. Pourceaux ! demeurez au désert !
Seul m’a suivi dans mon retour mon pauvre chien.
O quand mes bras se sont ouverts entre les tiens,
O Père ! Et quand mon cœur, si dur encore hier,
Sur ton cœur s’est fondu comme un flocon d’hiver !
Lorsqu’il a ruisselé sur ton manteau d’ancien !
O mes frères ! venez et faites comme moi.
Laissez votre malheur et connaissez l’émoi
Des parens affligés, accroupis sur le seuil,
Et qui, se redressant à votre revenir,
Voient le soleil tombant changer en or le deuil
Qu’ils avaient pris pour vous qui les faisiez mourir.
Spirituelle, bleue et fraîche matinée,
Sur les murs effrités où darde un laurier-tin !
Cœur semblable à la source au filet argentin !
Ame qu’un desservant obscur a communiée !
O passereaux en or des îles fortunées !
Chantez que le bonheur se trouve sous la main,
Que le Ciel, ici-bas, est un morceau de pain,
Et que nous renonçons à fouiller l’Empyrée.
Porte-lyres ! Oiseaux des extrêmes midis,
Que les marins disaient venir du Paradis,
Ne jamais se percher, et n’avoir que des ailes,
Planez en vous plaignant au-dessus du sentier
Où la petite enfant de l’humble métayer
Sans qu’elle ait à monter porte le Ciel en elle.