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ainsi que Mme Louis[1]et Mme Lauriston[2]. Mme Savary[3]qui était là, ainsi que beaucoup d’autres, ne me dirent rien de toi. J’avais pris congé de Mme Bonaparte, croyant pouvoir entreprendre bientôt mon voyage de Grenoble, mais des affaires me retiendront ici plus longtemps que je ne croyais, et alors j’y retournerai un soir, car j’y étais allée un matin. J’ai vu aussi Mme Macdonald[4]qui me parla beaucoup de toi et me chargea de te dire bien des choses. »

Cependant Constance est arrivée à Milan et elle fait sa cour. À la fin, elle écrit. « Ta lettre, lui répond sa mère le 15 prairial (4 juin), m’a fait grand plaisir parce que je vois que tu es contente, à part l’ennui que te cause la partie de cartes. Tu vois que j’avais bien raison quand je te disais qu’il fallait qu’une femme sût jouer. La plus grande partie des femmes ne joue que par complaisance, mais comme on joue de l’argent, il faut le savoir défendre. Est-ce le réversis ou le whiste ? Tu ne me dis rien de la réception que t’a faite Mme Murat. Est-ce très bien ou comme ça ? Il serait à propos, je crois, que tu écrives à Mme Louis, Tu te rappelles qu’elle t’a promis que, de deux lettres, elle t’en répondrait une. Il y a près de quinze jours que je n’ai vu Isidore[5]. Elle me pria bien de te dire qu’elle ne t’a pas oubliée. Elle attend de tes nouvelles avec une grande impatience… J’avais appris par Mme Soult que Mme Murat avait accouché[6]et Murat en donnant cette nouvelle à la Cour avait écrit que Madame sa femme serait à Paris dans quarante jours. J’avais été fâchée de cela, mais comme tu n’en parles pas, peut-être n’est-ce pas vrai ? Les modes ne varient pas beaucoup et

  1. Madame Louis-Hortense de Beauharnais.
  2. Claudine-Antoinette-Julie Le Duc, mariée en 1789 à Jean-Alexandre-Bernard Law de Lauriston, alors lieutenant d’artillerie. Mme de Lauriston était une des quatre dames nommées pour accompagner l’épouse du Premier Consul.
  3. Marie-Charlotte-Félicité de Faudoas Barbazan avait épousé le 27 février 1802 le colonel Savary, aide de camp du Premier Consul.
  4. La seconde. La première, née Jacob, mourut en 1797 laissant deux filles. — Celle-ci, née Montholon, épouse en premières noces du général Joubert, s’était mariée le 26 juin 1802 et mourut en 1804.
  5. Isidore-Eugénie Petiet, fille de Claude-Louis Petiet, ministre de la Guerre après Dubayet, et de Anne-Françoise-Gnillemettc Leliopvre du Bois de Pacé, née en 1788, épousa Louis-Pierre-Alphonse de Colbert Chabanais, nommé par la Restauration général de brigade.
  6. Mme Murat était accouchée le 16 mai 1803, d’un fils qui reçut les noms de Napoléon-Lucien-Charles-Joseph-François. Ce fut le prince Lucien Murat, mort le 10 avril 1878 sans postérité.