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les manufactures et qui ne laisse sortir aucun produit d’exportation. La seule brèche faite l’a été par la Commission qui a pu importer les vivres et les vêtemens strictement indispensables aux malheureuses populations. Le temps, au lieu d’améliorer la situation, l’empire : car les stocks des négocians, les ressources et les crédits des gens aisés s’épuisent, les vêtemens et les souliers de chaque ménage s’usent. Si les habitans ne meurent pas de faim, c’est parce que la Commission leur fournit tout juste les alimens indispensables à la conservation de la vie.


XI. — ENSEIGNEMENT A TIRER DE CETTE EXPÉRIENCE

On a cherché à dégager de cette vaste expérience d’approvisionnement en commun, imposée par la plus cruelle des nécessités, des conclusions au point de vue de la possibilité d’appliquer à l’avenir quelques-unes des méthodes employées. M. Robinson Smith, membre de la Commission d’assistance belge, a émis à ce sujet certaines idées qui reposent sur une interprétation inexacte des faits observés. Constatant que le pain s’est vendu à meilleur marché dans les pays occupés qu’à Londres, il se demande à quoi est dû ce phénomène : est-ce à la façon dont la Commission a opéré ses achats de blé dans le monde, au mode de transport, à la mouture, à la panification, au mode de vente au détail ?

La Commission a été, en vertu d’une autorisation du gouvernement anglais et de l’acquiescement des autorités allemandes, le seul importateur de denrées alimentaires en Belgique : elle était ainsi investie d’un monopole d’Etat. Elle importa jusqu’à 100 000 tonnes par mois et devint, avec le Comité belge national, le seul acheteur des récoltes indigènes de céréales. Durant la première année de son existence, elle a payé de 5 à 10 pour 100 de moins que l’acquéreur le plus favorisé. Elle y réussit de diverses manières, par exemple en opérant à Chicago le jour où peu de demandes existaient sur le marché. Quant au riz, elle attendit, nous dit-on, que les prix eussent baissé dans l’automne de 1915 pour acheter 40 000 tonnes. Au lendemain de cet achat, le cours rebondit de 20 pour 100. D’autre part, la Commission s’est assuré des tarifs spéciaux sur les lignes de chemins de fer américains. Elle a une flotte portant à la fois le pavillon belge et le sien. Elle s’arrange de