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je passe sous silence, — de l’attaque purement frontale, il faudrait compter surtout, je crois, sur les attaques de flanc et de revers conduites par les bâtimens de flottille et les navires spéciaux de la guerre de côtes, au moyen des chenaux qui, au Nord, au Sud, à l’Est, bordent les capricieuses découpures de l’île. Le principal de ces chenaux, je l’ai dit déjà, est le Listertief, dont le seuil laissera passer, à marée moyenne, des bâtimens de 5 mètres de tirant d’eau, c’est-à-dire tout l’outillage flottant des opérations côtières.

Que ce passage soit aujourd’hui défendu, alors’ qu’il y a quelques années à peine, il n’y avait là aucune batterie et qu’on n’y prévoyait la pose d’aucune ligne de mines, c’est ce dont je ne doute pas. Je ne doute pas davantage que les moyens de l’attaque, plus puissans encore que ceux de la défense et concentrant leurs feux sur un petit nombre d’ouvrages qui ne jouiront pas du bénéfice du commandement sur la mer, ne viennent à bout de tous les obstacles. Il ne faut pas se lasser de répéter qu’il n’y a là aucun rapprochement à faire avec la situation où se trouvaient les Alliés aux Dardanelles, étroitement serrés entre les longues branches d’une tenaille formidable et obligés de répondre au hasard à des batteries invisibles, jetant leurs projectiles de plates-formes élevées de 150, 200, 300 mètres quelquefois. Je rappelle aussi qu’il ne pourrait être question de l’intervention des mines dérivantes pendant la lutte d’artillerie. Ces engins bénéficiaient, aux Dardanelles, d’un courant permanent et rapide, qui les poussait sans relâche sur les navires assaillans.

Je puis dire un mot de la valeur signalée de l’île de Sylt, au point de vue des opérations qui suivraient sa prise de possession, puisque, déjà, en 1915, un exposé de ce genre m’a été permis. D’ailleurs, j’ai à peine besoin d’ajouter que nous n’apprenons rien aux Allemands sur les propriétés stratégiques de tous les points intéressans de leur littoral.

Outre que, par son étendue, Sylt pourrait parfaitement servir de place d’armes en vue d’une descente, — au moins à titre de diversion, — sur la côte du Slesvig, qui n’en est distante que de 10 à 15 kilomètres ; outre qu’en s’en emparant, on enlèverait aux flottilles allemandes qui opèrent au Nord du camp retranché maritime, le long de la côte du Jutland, un point d’appui, une base de ravitaillement, un abri également