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principes. C’est ce qui nous est arrivé. Nous ne doutions pas que les pertes personnelles que la Révolution nous faisait faire ne fussent un avantage pour l’humanité : cette opinion nous portait à nous enorgueillir de la joie avec laquelle nous faisions notre sacrifice. »

À Bellechasse était admis César Ducrest, très jeune frère de « mon amie ; » et cette mystérieuse et belle Paméla, envoyée un jour de Londres, âgée de six ans, sous prétexte de parler anglais aux enfans. Le Duc d’Orléans s’était adressé, ou avait fait semblant de s’adresser à Saint-Denis, son marchand de chevaux, et avait reçu de lui cette lettre : « Je vous envoie, Monseigneur, la plus jolie jument, et la plus jolie petite Anglaise que j’aie pu trouver. »

Au milieu de ces évocations des temps anciens, Louis-Philippe revoit, en de rares visites à Bellechasse, la belle et inquiète figure de sa mère : inquiète, parce qu’elle croyait toujours se voir ravir le cœur de ses enfans. Héritière de grands biens, fille du meilleur et du plus respectable des princes, le Duc de Penthièvre, mais descendante du Comte de Toulouse, fils légitimé de Mme de Montespan, elle s’était crue fort honorée en épousant le Duc de Chartres, fils du premier prince du sang royal. Les idées, les mœurs de ce prince avaient fait hésiter beaucoup M. le Duc de Penthièvre. Son ami Puisieux l’avait décidé à conclure l’alliance. Elle était restée deux ans sans enfans. Après une saison à Forges, sa santé s’était rétablie ; elle avait donné le jour à Louis-Philippe, Comte de Valois, à deux autres fils, à deux filles. Ayant pris son parti des habitudes légères de son mari, elle reportait sur ses enfans une affection tendre et un peu jalouse.

Une belle miniature d’Augustin la montre souriante et heureuse pendant un séjour à Spa. La source de la Sauvinière lui avait été salutaire, et ses enfans avaient voulu tracer des allées dans le bosquet de la source et élever en l’honneur de la Nymphe bienfaisante un petit autel orné de guirlandes. C’est la scène qu’Augustin a représentée.

Mais, pour des enfans tendrement attachés à leur père, à leur mère, et aussi à celle qu’ils appelaient « mon amie, » les discussions entre ces trois personnes avaient dû laisser de cruels souvenirs. Ils étaient pris à témoin, au besoin choisis comme intermédiaires. La correspondance autographe que