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sentimens. Le 4 mai, au cours d’une conférence qui se tient à Paris, M. Lloyd George et lord Robert Cecil envisagent nettement la nomination d’un Haut Commissaire des Puissances protectrices. Le nom de M. Jonnart retient de nouveau leur attention. M. Jonnart, président de la Compagnie de Suez, où les administrateurs britanniques collaborent d’une façon continue avec les administrateurs français, les uns et les autres faisant ensemble le meilleur ménage, inspire une absolue confiance en Angleterre : il y est très connu et y compte les plus solides amitiés. On se souvient que le roi Edouard VII l’honorait d’une estime toute particulière. Accoutumé, de très longue date, à traiter avec les Anglais, il sait que, dans les négociations que l’on conduit avec eux, et qu’il s’agisse d’ailleurs de politique, de diplomatie ou d’affaires, la sincérité, la franchise sont les conditions essentielles du succès. Tout le désigne au choix des Puissances.

Enfin, dans les derniers jours du mois de mai, M. Ribot, Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères, M. Painlevé, Ministre de la Guerre, se rendent à Londres pour conférer avec les ministres anglais. Il s’agit de procéder à un examen attentif de la situation en Orient : action diplomatique et militaire, effectifs, ravitaillement, etc. Ce sera l’honneur de M. Ribot, chef du gouvernement français, d’avoir compris qu’en Orient le problème le plus important à ce moment, celui dont la solution est la plus pressante, c’est le problème grec. Bien décidé à mettre, dans ses entretiens avec les hommes d’Etat britanniques, cette question au premier plan, à demander qu’on prenne à ce sujet des résolutions énergiques, il prie M. Jonnart de l’accompagner à Londres. L’absence dure trois jours. Les ministres anglais ne font aucune difficulté d’accepter la nomination de M. Jonnart comme mandataire unique des Puissances.

Le Haut Commissaire une fois nommé, quelles vont être ses instructions ? Une seule solution est possible : la déposition du roi Constantin. C’est le moyen, et le seul, de restaurer l’unité du royaume et de ramener la Grèce à nos côtés. Tant que Constantin restera sur le trône, toutes les mesures qu’on pourra prendre, tous les arrangemens qu’on pourra conclure seront exactement comme s’ils n’étaient pas.

Cette solution est, en effet, celle que propose le gouvernement français. Quelle va être l’attitude du gouvernement anglais ?