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troupes françaises s’avancent en Thessalie. Donc impossibilité absolue de résister aux Alliés. Sur ce point, l’avis est unanime… Le Roi fait alors connaître son intention d’abdiquer. Certains voudraient qu’il se laissât faire violence, qu’il ne cédât que contraint et forcé. . Cette opinion est rejetée. Constantin décide d’abdiquer immédiatement pour éviter un coup de force et les représailles qui pourraient en résulter.

Le soir même, M. Zaïmis fait savoir à M. Jonnart que l’ultimatum est accepté sans aucunes réserves. Le lendemain matin, il remet au Haut Commissaire la réponse officielle du gouvernement grec :


Athènes, le 11 juin 1917.

« MONSIEUR LE HAUT COMMISSAIRE,

« La France, la Grande-Bretagne et la Russie ayant réclamé par votre note d’aujourd’hui l’abdication de S. M. le roi Constantin et la désignation de son successeur, le soussigné, président du Conseil des ministres, ministre des Affaires étrangères, a l’honneur de porter à la connaissance de Votre Excellence que S. M. le Roi, soucieux comme toujours du seul intérêt de la Grèce, a décidé de quitter avec le Prince royal le pays et désigne pour son successeur le prince Alexandre.

« Veuillez agréer, Monsieur le Haut Commissaire, les assurances de ma haute considération.

« ZAÏMIS. »


LE DEPART

Constantin avait cédé, — faute de pouvoir faire autrement. Le but principal était d’ores et déjà atteint. Mais il s’en fallait que tout fût terminé. Le Roi, s’il avait abdiqué, n’était pas partis Une vive effervescence se produisait dans la capitale ; des bandes de manifestans massés devant le Palais prétendaient s’opposer au départ du souverain.

Il fallait couper court à ces manifestations, assurer dans le plus bref délai l’embarquement du Roi, préparer le retour de M. Venizelos, rétablir entre le peuple hellénique et l’Entente des relations cordiales et confiantes de manière à parfaire sans incident, sans effusion de sang, ce qui avait été si bien commencé. C’est à quoi M. Jonnart allait activement s’employer.