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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Quatre jours durant, la bataille s’est poursuivie furieusement, entre la Brenta et la Piave. Les Autrichiens (on ne parle plus guère des Allemands, qui doivent préparer quelque autre coup ailleurs) ont lancé attaque sur attaque contre les positions italiennes, ici défendues pied à pied. Ces positions naturellement fortes, en pleine montagne, traçaient d’un fleuve à l’autre, et de l’Ouest à l’Est, une ligne continue : col Caprile, col della Berretta, mont Pertica, col del Orso, mont Solarolo, mont Spinuccia. Ligne à peu près droite du Caprile au Pertica, avec un saillant très prononcé, ayant le Solarolo pour sommet, de l’Orso au Spinuccia. C’est le premier gradin du haut plateau. À quelques kilomètres au Sud, exactement derrière le col de l’Orso, le mont Solarolo, le mont Spinuccia, se dressent, sur le second gradin, le mont Grappa, le mont Pallona, et enfin le mont Tomba. Puis, tout de suite, la vallée de la Piave, et la plaine vénitienne. Quand on étudie, ou simplement quand on regarde une carte représentant la structure physique de cette région, on distingue, de part et d’autre de la Brouta, deux « massifs tabulaires » bordés d’escarpemens. L’un, sur la rive droite, le plus occidental, est le plateau, devenu fameux, des Sept Communes. Les combats des dernières semaines y ont rendu illustres les noms de Gallio, du Sisemol, des trois Melette, du Tondarecar, du Badelecche ; l’autre, sur la rive gauche, est celui-là même qu’on se dispute encore, du col Caprile, où les Italiens contre-attaquent, au mont Tomba, dont les pentes sont bien gardées. La lutte semble s’être déplacée de l’Ouest à l’Est et, pour ainsi dire, glisser d’une table sur l’autre. L’acharnement en a été remarquable. On sent chez l’ennemi l’approche, la venue imminente de l’hiver, déjà en retard, qui l’immobilisera dans les neiges, s’il ne se hâte point de déboucher des montagnes ;