de Dion-Bouton, est pour lui un régal dont il parlera souvent. Il s’y rend, non en curieux, mais en connaisseur. Il ne peut demeurer auprès d’un ingénieur chargé de la conduite à travers tous les services. Il lui faut plus de liberté, plus de temps, car il aime se rendre compte de tout, voir et toucher. Le plus petit détail l’intéresse. Il questionne les ouvriers, leur demande l’utilisation d’un écrou, les presse de questions. Le temps passe trop vite à son avis. Ses camarades sont déjà sortis, le préfet de la division a fait l’appel pour s’assurer de son effectif ; un seul manque, c’est Guynemer qui, suivant son habitude de retardataire, est en extase devant le montage d’une machine.
« Les semaines d’ouverture du Salon d’automobile et d’aviation sont une période de tranquillité relative pour ses maîtres. Ce n’est plus l’agité, le nerveux, l’espiègle des jours précédens. Il tient à ses promenades, à ses sorties. Il est un de ceux qui tournent autour du préfet à l’heure du départ pour la promenade. Il est impatient de savoir quel en est le but : « Où allons-nous ?… Vous nous conduirez au Grand-Palais ?… Vous serez un chic type… » Ce n’est pas l’un des nombreux curieux qui circulent autour des stands, les deux mains dans les poches, sans en tirer d’autre bénéfice qu’une extrême fatigue, comme un cycliste tourne autour de sa piste. Son plan est étudié à l’avance. Il connaît l’emplacement du stand qu’il visitera. Il s’y rend directement. Son ardeur et son sans-gêne lui attirent bien quelques admonestations de la part du propriétaire. Il n’en a cure. Il continue à toucher à tout et à fournir des explications à ses compagnons. À son retour au collège, ses poches sont gonflées de prospectus, de catalogues, de brochures choisies qu’il entasse soigneusement à l’intérieur de son bureau[1]. »
Jean Krebs a orienté la vocation de Georges Guynemer. Il a précisé et développé le goût de celui-ci pour la mécanique. Il l’a sorti des vagues abstractions pour le précipiter vers les réalisations matérielles, pour lui faire désirer l’élargissement de vie qu’elles procurent. Il méritait d’être cité dans une biographie de Guynemer. Avant de le quitter, ne convient-il pas de déplorer sa perte prématurée ? Aviateur estimé au cours de la guerre, il trouva dans l’observation l’emploi de ses facultés
- ↑ Notes inédites de l’abbé Chesnais.