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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/418

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l’intermédiaire du chargé d’affaires de Grèce à Berne, il invite les représentans de la Grèce dans les capitales ennemies, Berlin, Vienne, Sofia, Constantinople, à demander immédiatement leurs passeports. Le télégramme est ainsi conçu :

« Par suite de l’unité qui vient heureusement de se rétablir entre les deux parties de la Grèce, jusqu’ici séparées, le gouvernement royal estime, du moment que plusieurs régimens grecs participent aux hostilités sur le front balkanique, qu’il ne lui est plus possible de continuer d’entretenir des rapports officiels avec le gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité. Vous voudrez donc, dès réception de ce télégramme, demander vos passeports et rentrer en Grèce avec tout le personnel diplomatique et consulaire sous vos ordres. Vous prendrez les mesures nécessaires pour la conservation des archives de la légation et des consulats et vous vous adresserez à votre collègue des Pays-Bas, qui entre temps aura reçu à cet effet les instructions de son gouvernement pour le prier d’assumer la protection des intérêts helléniques. Je vous prie de m’informer de l’exécution des instructions qui précèdent »

M. Ribot, président du Conseil, fait parvenir par télégramme au Haut-Commissaire les félicitations officielles du gouvernement.

Le 29 juin, à la suite d’une visite que rend le Haut-Commissaire à M. Venizelos, il est informé que le Roi désire le voir le jour même au palais… Le jeune souverain, dans les termes les plus amicaux, fait part à M. Jonnart de certains scrupules que lui causent quelques-unes des mesures réclamées par M. Venizelos. « Je voudrais bien savoir, lui dit-il, si vous êtes sur ces divers points tout à fait d’accord avec lui. On a reproché à mon père d’avoir violé la Constitution. Or, les premiers actes qu’on me conseille, notamment la suspension de l’inamovibilité des magistrats par un simple décret, me paraissent contraires à la Constitution. » Mais M. Jonnart n’a pas beaucoup de peine à calmer les inquiétudes du Roi. Il lui explique que l’Assemblée constituante, dont la réunion est prochaine, sanctionnera et légitimera toutes ces mesures. Il lui fait à ce sujet, en termes clairs et simples, un petit cours familier de droit constitutionnel. « D’ici peu, lui dit-il, Votre Majesté en saura là-dessus tout autant que n’importe lequel de ses ministres. »

Le Roi ayant remarqué que certaines critiques lui étaient