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de grands travaux publics qui seront reconnus nécessaires après la guerre. Par exemple, l’aménagement de Paris port de mer a fait, nous dit-on, l’objet d’une proposition à la Ville de l’un des groupes financiers les plus puissans aux États-Unis. Plus récemment encore, on a parlé de l’intervention d’un Syndicat américain pour la canalisation et l’aménagement du Rhône, de Genève à Marseille, avec engagement de fournir un milliard pour ce travail.

Tout ceci, bien entendu, n’est encore qu’à l’état de projet et l’on ne peut, jusqu’à présent, qu’accueillir avec reconnaissance l’idée de cette généreuse entr’aide offerte par nos amis américains, qui a trouvé sa formule la plus heureuse dans le discours prononcé par M. Walter Berry, de la Chambre de commerce américaine de Paris, au banquet du 4 juillet 1917 : « Ce n’est pas seulement, a-t-il dit, pendant la guerre que les États-Unis veulent se solidariser avec vous ; c’est aussi après la guerre, dans cette période de renouvellement, de reconstruction, cette période qui sera âpre et dure, mais à laquelle nos deux grands pays, unis dans l’essor économique, pourront faire face victorieusement. »

Cette tâche immense et variée ne peut encore se prêter à aucune précision nous permettant de faire appel au concours américain et d’en mesurer la valeur. Le compte de la coopération financière des États-Unis ne fonctionne, jusqu’à présent, que pour des avances en vue du règlement de nos achats en Amérique, et ce n’est pas à nous qu’appartient l’initiative de l’étendre aujourd’hui à de plus vastes objets.

N’est-ce pas déjà, cependant, une précieuse indication que ce généreux projet de certaines villes américaines pour l’adoption d’une de nos cités ravagées dont elles faciliteraient la reconstruction ? Philadelphie, la riche capitale industrielle, adoptant Arras, la glorieuse mutilée du Nord de la France ! Ce geste symbolique ne contient-il pas en germe tout un plan de collaboration pour l’après-guerre ?

Mais, à côté de ce programme, qui sera le prolongement de la coopération financière des États-Unis en faveur de la France, il en est un autre déjà en cours d’exécution, qui nous paraît être la première manifestation de cette politique d’expansion mondiale, et mérite de retenir un instant notre attention, si nous voulons nous rendre compte des méthodes américaines