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mains des États-Unis, qui espèrent trouver dans l’Amérique du Sud leur champ naturel d’expansion. Les déclarations de M. Wilson nous indiquent bien, d’ailleurs, que nous sommes sur le terrain pratique et non dans le vague des formules politiques. « Le pan-américanisme, dit-il, est une association d’intérêts et d’affaires, fuite d’avantages réciproques, en vue du remaniement économique auquel le monde doit assister lorsque la paix aura produit son effet salutaire[1]. »

Cette politique se résume donc dans une question de capitaux ; or, comme les États-Unis en sont devenus les plus grands dispensateurs, ce sont eux qui, finalement, détiennent, dans une large mesure, l’influence résultant du concours financier apporté aux États de l’Amérique du Sud à l’un des tournans les plus difficiles de leur histoire.

Tous ces pays neufs ont été surpris par la guerre européenne, alors qu’ils étaient en pleine évolution, et même, pour certains, au point extrême d’une crise de croissance. L’Argentine et le Brésil, pour ne parler que des deux États les plus importans, ont vécu, jusqu’à présent, des capitaux européens, et aussi, dans une large mesure, surtout l’Argentine de la main-d’œuvre européenne. C’est à cet apport continu d’hommes et d’argent qu’ils doivent leurs progrès rapides et leur prospérité ; c’est grâce à ce double élément venu d’Europe qu’ils ont fait surgir les richesses de leur soi. Si l’on prend, par exemple, l’Argentine, on constate que sur 36 000 kilomètres de chemins de fer, plus de 20 000 ont été construits avec le capital européen. Il en est de même, quoique à un moindre degré, au Brésil. Aussi peut-on dire de ces deux grands pays, et a fortiori de tous les autres, que c’est la circulation du capital étranger, de beaucoup supérieure à celle du capital national, qui est la condition essentielle de leur développement.

Or, aujourd’hui que, devant une Europe impuissante à lui

  1. Le Congrès de Washington a eu comme prolongement la Conférence tenue à Buenos-Ayres en 1916, et à laquelle assistait le Secrétaire du Trésor aux États-Unis, M. Mac Adoo. Cette Conférence s’est principalement occupée de questions d’ordre pratique, ayant pour objet de resserrer les liens commerciaux entre les Républiques américaines, telles que : unification de la législation pour les lettres de change, les brevets ou marques de fabrique, la constitution d’un stock commun d’or déposé aux États-Unis et évitant des transferts de métal entre pays américains, entente pour une meilleure organisation postale, etc. La permanence de l’action pan-américaine est assurée par une Commission internationale siégeant aux États-Unis.