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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/763

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amis de la Revue. Mérimée est tout désigné pour servir d’ambassadeur entre la Cour et la Revue ; il accorde à F. Buloz « la nullité du candidat, » mais il lui demande « de taire l’hostilité de la propagande, » qu’on redoute. Bref, il obtient de F. Buloz que celui-ci verra le ministre, M, Fould.

Henri Blaze est à la Revue quand F. Buloz revient de cette visite « exaspéré » et « la mort dans l’unie. » Voici le dialogue qui s’engage entre les deux beaux-frères, celui qui est exaspéré, et celui qui voudrait lui rendre le calme…

— Non, s’écrie Buloz, ce que j’ai entendu là dépasse tout, c’est à vous confondre !

— Calmez-vous d’abord.

— Figurez-vous un homme qui nous reproche d’introduire la politique dans cette élection, et lorsque je défends nos amis, et que je lui déclare que la politique n’est pour rien dans cette affaire, et qu’il devrait plutôt s’en prendre à l’insuffisance littéraire de son candidat, savez-vous ce qu’il me répond… ce qu’il a l’audace et le cynisme de me répondre, ce ministre de l’Empereur ?

— Dites.

— Il croise les bras, me regarde bien en face, et d’un air tout jovial, nous décoche à tous ce compliment : « Voyons, mon cher monsieur Buloz, soyons juste, je ne prétends pas non plus surfaire à vos yeux mon protégé, mais en revanche vous m’accorderez que CELA VAUT TOUJOURS BIEN M. DE VIGNY[1]. »


MARIE-LOUISE PAILLERON.

  1. H. Blaze, Mes souvenirs de la Revue des Deux Mondes.