Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/863

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce qu’ils étaient six : un Aviatik, à 2 800, un L. V. G. à 2 900 et quatre Rumpler (serrés à 25 mètres) à 3 000. Quand je suis arrivé à 1 800 tours sur les quatre, ils ont été affolés par ce bolide, et quand ils ont repris leur sang-froid et leur mitrailleuse (quelle musique ! ), il était trop tard. Plus un seul enrayage… » Suivent des détails précieux sur la disposition nouvelle de sa mitrailleuse. Puis il revient sur l’appareil : « Il boucle merveilleusement. La vrille est un peu paresseuse et irrégulière, mais d’une douceur angélique. » Et il indique toutes sortes de petits perfectionnemens que l’on pourrait encore apporter pour le mettre tout à fait au point.

Sa correspondance avec l’ingénieur Béchereau est tout entière consacrée à l’étude de l’avion. Jamais aucune incursion hors de ce sujet. Ainsi collabore-t-il en quelque sorte à la construction et à l’aménagement, et il apporte immédiatement les résultats qui peuvent guider les essais. Sa mitrailleuse, de nouveau, ne lui donne pas satisfaction : « Hier, écrit-il le 21 octobre 1916, j’ai eu dans ma journée cinq Boches (dont trois dans nos lignes), à 10 mètres du bout du canon de ma mitrailleuse, et impossible de tirer. Il y a quatre jours, j’en avais eu deux. C’est amer… Il fait un temps splendide. Espérons que la mitrailleuse va marcher… » Et quelques jours plus tard, il exulte, car il a trouvé la cause de ces enrayages dus au froid, et il a su, par une ingénieuse combinaison, y porter remède : « 4 novembre 1916. —… Avant-hier, j’ai eu un biplan monoplace Fokker à 2 mètres ; il a basculé dans un groupe de Nieuport ; alors on ne l’a attribué à personne. Hier, un Aviatik à 10 mètres, le passager tué du premier coup ; l’appareil, perdant des lambeaux de toile, est parti en spirale lente et a dû s’aplatir sur Berlincourt, au diable. Heurtaux a vu le début de la descente, et dix minutes après en a descendu un autre complètement en boule… » Le 18 novembre suivant, il raconte, après avoir donné des détails sur le moteur qu’il voudrait renforcer, ses vingt et unième et vingt-deuxième victoires : « Pour le vingt et unième, c’est un monoplace que j’ai assassiné pendant qu’il commençait à descendre en spirales élégantes sur son terrain. Le vingt-deuxième était un 220 HP. Ils étaient trois (chez nous). Je l’ai attaqué par surprise et en renversement. Le passager s’est levé, mais est retombé avant même de pouvoir déclencher sa mitrailleuse. J’ai tiré deux cents à deux