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commodore revint, le Japon était tout entier soulevé et frémissant. La lutte était plus ardente que jamais entre les défenseurs du shogunat des Tokugawa et les partisans de la restauration impériale. Le retour de l’escadre américaine était comme l’étincelle faisant flamber un foyer déjà incandescent. L’envoyé du Président sut très habilement profiter d’une situation qui lui permettait, sans intervenir lui-même dans la querelle des partis, d’obtenir de l’un d’eux, du shogun qui était encore le maître, la réponse qu’il désirait. Le traité de paix, de commerce et d’amitié, fut signé à Kanugawa le 31 mars 1854 entre le Commodore Perry et les représentans du Japon. Deux ports, l’un au Sud, l’autre au Nord, Simoda et Hakodale, étaient ouverts au commerce américain. Ainsi fut inaugurée entre les États-Unis et le Japon une ère nouvelle dont l’origine ne paraît pas avoir laissé au Japon un mauvais souvenir. Sur la plage même d’Uraga où l’escadre américaine avait abordé, a été érigé en 1901 un monument commémoratif aux frais duquel avaient contribué le Mikado lui-même et les membres de son Gouvernement. Et lorsque, l’automne dernier, le vicomte Ishii fut envoyé en ambassadeur extraordinaire aux États-Unis, la ville de New-York ne crut pouvoir lui mieux témoigner sa sympathie qu’en affectant pour sa résidence la demeure même d’un descendant du commodore, M. Perry Belmont.

Quatre ans après la conclusion de ce premier acte ; le 29 juillet 1858, était signé entre le consul général des États-Unis, M. Townsend Harris, et les autorités japonaises, un nouveau traité ouvrant d’autres ports, Kanagawa, Nagasaki, Niigata, Hiogo, au commerce américain. L’article II de ce traité stipulait qu’à la requête du Gouvernement japonais, le Président des États-Unis agirait comme médiateur amical (friendly mediator) dans les conflits qui pourraient s’élever entre le Japon et une Puissance européenne. — Dès cette date, le Gouvernement des États-Unis, loin de vouloir faire acte de force et de Violence envers les peuples et les Gouvernemens de l’Extrême-Orient, tenait au contraire à se présenter comme leur protecteur et leur ami. — C’est ainsi qu’en Chine, l’un des Ministres des États-Unis, Anson Burlingame, accepta, au terme de sa mission à Pékin, de devenir le représentant du Céleste Empire auprès des Cours et gouvernemens d’Occident, et qu’en cette qualité il signa à Washington, le 28 juillet 1868, avec le Secrétaire d’État