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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/923

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trois Puissances intervenues en faveur de la Chine, n’avait pas pris position contre l’alliance conclue l’année suivante entre la Chine et la Russie. Il s’était résigné, d’autre part, après une protestation diplomatique contre l’annexion par les États-Unis des îles Hawaï, aux conséquences qui, depuis la guerre hispano-américaine, avaient modifié la physionomie du Pacifique. L’élément perturbateur dont l’action vint de nouveau remuer et agiter les eaux tranquilles, ce fut l’Allemagne. La décision contradictoire et brutale par laquelle, après avoir prétendu préserver en 1895 l’intégrité de la Chine, elle se saisit en pleine paix, deux ans après, du port et du territoire de Kiao-tcheou qu’elle convoitait, détruisit la confiance que la Chine avait eue en ses protecteurs et déchaîna dans le Chan-tong et, de là dans tout le Nord de la Chine, l’insurrection des « Boxers » que toutes les Puissances ayant des intérêts en Asie durent naturellement s’efforcer de combattre et de réprimer. Les États-Unis, tout en s’associant à la ligue de défense ainsi formée, s’étaient préoccupés de ne pas laisser cette cause de la défense dégénérer en une guerre de conquête avec un trop grand affaiblissement de la Chine. De ce moment, ils devinrent plus vigilans que jamais, sur les mesures propres à maintenir, avec l’indépendance et l’intégrité du Céleste Empire, le principe de la porte ouverte et des opportunités égales.

Mais l’installation de l’Allemagne à Kiao-tcheou, de la Russie à Port-Arthur, à Dalny et dans le Liao-tong, l’occupation par les troupes russes d’une partie de la Mandchourie restaient une menace pour l’avenir. Le Japon, pour ne pas laisser plus longtemps sans contrepoids l’alliance formée contre lui entre la Russie et la Chine, et n’ayant pu s’entendre directement, comme il l’avait espéré, avec la Russie, signa avec l’Angleterre le 30 janvier 1902 le traité d’alliance défensive qui devait être plusieurs fois renouvelé et prorogé. Ce traité, au préambule duquel étaient inscrits les principes déjà admis de l’intégrité et de l’indépendance de la Chine, ainsi que de la porte ouverte, ne pouvait inquiéter les États-Unis qui y voyaient, au contraire, une digue contre les empiétemens et progrès de la Russie. Quant à l’Allemagne, les révélations faites dans les papiers posthumes du comte Hayashi, ancien ambassadeur du Japon à Londres, montrent à plein le double jeu qu’alors, comme en tant d’autres circonstances, joua le gouvernement de