tiers de leurs besoins, il leur faut à toutes puiser aux mêmes sources que les États-Unis : Cuba et l’Amérique centrale.
Par suite de la réduction du tonnage, il faut choisir et réserver pour l’exportation transatlantique les alimens qui, sous le moindre volume, possèdent la plus grande valeur nutritive. Heureusement l’Américain en a d’autres qu’il peut leur substituer : des denrées périssables comme le poisson ou les légumes. « C’est un devoir patriotique, dit le gouvernement de l’Union, pour les vingt millions de cuisines et pour les vingt millions de tables des États Unis, de faire un sacrifice pour nos alliés d’Europe qui combattent pour la liberté. Les deux tiers de nos concitoyens absorbent strictement ce qui leur est nécessaire pour le maintien de leur force physique ; au troisième tiers, qui jouit du superflu, nous demandons de vivre plus simplement et de devenir par là membres volontaires de l’administration des vivres, comme nous le sommes nous-mêmes. Si nous pouvons réduire, par personne et par semaine, nos consommations : de farine de froment d’une livre ; de viande, graisse et sucre de 220 grammes chaque, ces quantités, multipliées par des millions d’individus, seront d’un secours inappréciable pour nos amis d’Europe et pour nos armées. »
À ces conseils persuasifs, et pour en assurer le succès, l’État américain a joint des prescriptions légales qui placent sous sa dépendance toutes les marchandises dont il juge nécessaire de régler l’usage, le prix et le trafic. Comme nous-mêmes, en France, il suit le froment depuis le laboureur jusqu’au boulanger ou jusqu’au port d’embarquement. Les Bourses où il était coté ont été fermées ; l’État se constitue acheteur unique ; mais un Comité, composé de plus d’une centaine des principaux « hommes de grain, » — grain men, — producteurs et commerçans, a fixé pour l’année entière le prix du blé et de la farine. C’est d’ailleurs sous cette dernière forme que l’Amérique tient à exporter son grain : d’abord pour ne pas priver sa minoterie du travail et du profit qui la font vivre ; ensuite pour conserver le son, nécessaire à l’élevage indigène, tandis que, pour l’espèce humaine, un chargement de farine aura, sous un même volume, plus de valeur alimentaire qu’un chargement de blé. Cette résolution, qui aura pour effet de diminuer la proportion de son disponible en France par rapport à la farine importée, restituera sans doute à nos animaux de ferme le son