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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/393

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en obtenir ; les détaillans, incapables d’exécuter les commandes, en appelaient au gouvernement que l’opinion déclarait responsable et chacun se préparait à s’accommoder d’une plus basse température. En janvier, les usines mêmes, par décret, durent chômer pendant cinq jours.

Ici la production n’était pas en défaut, puisque les États-Unis avaient extrait de leur sol 590 millions de tonnes d’anthracite ou de houille grasse, contre 531 millions l’année précédente et, détail à noter, cette augmentation de 59 millions de tonnes correspondait à un travail plus intensif, à un meilleur rendement de la main-d’œuvre, puisque l’effectif du personnel employé dans les mines avait diminué d’une année à l’autre de 734 000 à 720 000 ; mais l’offre était encore inférieure à la demande.

li en est de même pour le pétrole et l’essence : les Etats-Unis ont produit 477 millions d’hectolitres ; ils en ont consommé ou exporté 532 millions. Sur ce pied-là leur réserve, qui au printemps dernier était de 262 millions d’hectolitres, s’épuiserait assez vite. Le rapide développement des automobiles a créé ce déficit : de 250 000 qu’ils étaient il y a dix ans, ils sont aujourd’hui 4 millions en service chez nos alliés transatlantiques et absorbent annuellement 75 millions d’hectolitres d’essence. Des inventions récentes permettront, les unes d’augmenter la production en distillant le pétrole lampant et les huiles lourdes, par un procédé dit « de brisage » ou « cracking, » les autres de diminuer la consommation par des carburateurs nouveaux qui font, avec une même quantité de liquide, dix fois plus de chemin que les anciens.

Mais c’est jusqu’ici sur le renchérissement de l’essence et sur la bonne volonté des propriétaires d’autos à se restreindre, que comptent les autorités : M. A C. Bedford, à la fois président de la Standard Oil et du Comité Officiel du pétrole, recommande aux touristes comme un devoir patriotique la plus stricte économie. « L’armée et la marine, dit M. Van H. Manning, directeur du Bureau fédéral des mines, ont besoin de millions d’hectolitres par an ; la moitié de l’essence produite aux Etats-Unis est consommée par les automobiles de plaisance ; que celui qui fait faire le dimanche 80 kilomètres à sa famille se contente de 40 ; que tous se demandent chaque matin si la course qu’ils projettent est bien nécessaire, et l’on épargnera plus de 40 000 hectolitres par jour. »