Que valait-il moralement, ce fils de Nicolas Ier qui succédait à son père sous le nom d’Alexandre II et à qui incombait la lourde tâche de réparer les malheurs que le régime autocratique poussé à l’excès avait attirés sur la Russie et sur la dynastie impériale ? Né en 1818, il venait d’atteindre sa trente-septième année. Tous ceux qui l’avaient approché le tenaient en haute estime pour sa droiture, sa loyauté, sa fidélité à ses amis et à ses engagemens et pour ses qualités d’esprit et de cœur. Elevé militairement par le général Kaveline, « homme d’honneur, mais de mérite médiocre, » à qui son père l’avait confié lorsque les soins féminins ne lui furent plus nécessaires, il devait à son précepteur le poète Jouwoffsky, comme sa sœur la princesse Marie, plus tard duchesse de Leuchtenberg, qui recevait les leçons du même maître, la vaste instruction qu’il possédait et la connaissance de toutes les langues de l’Europe. En 1838 et 1839, il voyage en Allemagne et en Italie en compagnie du prince de Liéven, qui lui a été donné pour Mentor.