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ZEEBRUGGE ET OSTENDE

LA PREMIÈRE OPÉRATION SUR LE FRONT NORD


Quand j’appris, dans la soirée du 23 avril, que les Anglais venaient de faire une attaque sérieuse sur la côte des Flandres, je ne pus m’empêcher de penser à une large opération combinée sur ce front Nord qui, perpendiculaire au front occidental, présente aux adversaires de l’Allemagne un flanc si propice à de violens coups de revers.

L’espoir était ambitieux. Nous n’en sommes pas encore là. Les forces que nos alliés et nous-mêmes eussions pu consacrer à cette puissante diversion paraissent mieux employées à soutenir l’attaque frontale de nos ennemis et à préparer une riposte que l’on croirait trop aventurée si on la conduisait par l’immense chemin qu’est la mer.

Il ne s’agissait donc que d’une opération d’envergure beaucoup plus modeste, d’un coup de vigueur frappé sur un port devenu célèbre depuis l’automne de 1914, où on l’abandonna sans combat à des gens dont on ne connaissait pas bien encore l’ingénieuse, la tenace habileté, à des gens qui allaient si bien s’en servir pour le développement de leur guerre sous-marine.

C’est à cette même époque qu’ici même je demandais instamment que l’on prit garde à cette guerre sous-marine et que, sans plus tarder, on voulût bien entreprendre de boucher les portes des repaires d’où allaient sortir les redoutables pirates de l’entre deux eaux.

Tout arrive. Il semble que, longtemps dédaigné, cet avis soit goûté aujourd’hui. M. le général Billot me disait un jour en