Il était évident que la bataille recommencerait au printemps. Les Allemands préférèrent ne pas attendre le choc, et ils cédèrent une large bande de terrain, en se repliant sur une ligne Est d’Arras-Bullecourt-Ouest de Marcoing-Saint-Quentin, puissamment fortifiée à l’avance. Cette ligne a reçu des Alliés le nom de ligne Hindenburg. Par endroits, les Allemands tinrent à l’Ouest, sur une position avancée. En d’autres endroits, par exemple à Bullecourt, la ligne Hindenburg fut emportée. J’ai pu, comme plusieurs de mes camarades, la visiter dans ces endroits. Elle n’est point partout pareille à elle-même. Dans le secteur de Cambrai, il n’y avait pas moins de cinq lignes, depuis la ligne avancée qui était poussée en fond de vallée, jusqu’à la ligne de soutien qui était è contre-pente, derrière la crête qui surplombait cette vallée. Dans la région de Bullecourt, il y avait, autant que j’ai pu voir, deux lignes. La première, la principale, était une espèce de monument égyptien, en béton armé, avec des fortins, qui fournissaient des observatoires et des postes de mitrailleuses. Entre ces fortins s’ouvraient des descentes coffrées qui menaient à un premier étage d’abris, puis à un second étage. Ces galeries souterraines communiquaient par des sapes profondes à l’arrière avec la seconde ligne, à l’avant avec des blockhaus à mitrailleuses, qui formaient position avancée, et qui étaient Noyes dans un océan de fils de fer.
Les Allemands ayant cédé le terrain sur la Somme, les offensives alliées en 1917 durent se reporter à gauche et à droite, d’une part sur la crête de Vimy, d’autre part sur le Chemin des Dames. Puis dans l’été de 1917, Sir Douglas Haig reporta son effort dans le Nord : la IIe et la Ve armée britannique conquirent le cercle de collines qui entoure Ypres. L’ennemi fut rejeté de ces hauteurs dans les plaines situées à leur pied oriental où il passa l’hiver. Enfin le 20 novembre, une offensive déclenchée par surprise, devant Cambrai, par la IIIe armée, faillit amener des résultats très importans. Nos alliés s’emparèrent du bois Bourlon, d’où ils voyaient à revers les positions de Quéant. La situation était intenable pour l’ennemi, et il est vraisemblable que si ce succès avait pu être maintenu, les lignes allemandes auraient dû être profondément modifiées. Il ne le fut pas. Nos alliés formaient une poche, dont les Allemands, le 30 novembre, attaquèrent le flanc droit. La ligne