L’offensive, enfin déclenchée le 21, enfonça le centre de la 5e armée ; la droite débordée dut se replier à son tour, l’extrémité gauche, qui avait tenu bon, et la 3e armée qui la prolongeait au Nord, durent également se replier. Une retraite générale commença. L’énergique et rapide intervention des Français qui accoururent pour s’entre-mêler d’abord et se substituer ensuite aux armées britanniques sur plus de 60 kilomètres, la science militaire de nos chefs et la valeur de nos troupes, la résistance de l’infanterie, de l’artillerie et de la cavalerie britanniques permirent à la ligne de se reconstituer à une quinzaine de kilomètres d’Amiens. L’ennemi n’avait pas atteint son objectif. A vrai dire, Amiens lui-même n’était qu’un symbole, ou, si l’on veut, un moyen. Le dessein véritable était de séparer les armées françaises et britanniques. Aussi voit-on l’axe principal des attaques remonter en même temps que la gauche des Français s’étendait. Le 28, l’attaque principale est en direction du Sud par la route Roye-Senlis ; le 4 avril, elle se fait au contraire vers l’Ouest et le Nord-Ouest, des deux côtés de l’Avre. L’axe a tourné comme les aiguilles d’une montre. Or, cette séparation des armées françaises et britanniques, l’ennemi n’a pas pu la réaliser. Le 9 avril, les Allemands attaquaient en Flandre. Or, dès le 15, il y avait devant Cassel des divisions françaises d’infanterie et de cavalerie. La cavalerie était accourue en faisant 200 kilomètres en soixante heures ! Quant à l’union morale des armées, elle n’a jamais été plus forte. Elle a abouti, après le conseil tenu le 25 à Doullens, à la nomination du général Foch comme généralissime : le général Foch, le plus habile manœuvrier que nous ayons.
Les trois armées allemandes qui attaquaient le 21 mars formaient un ensemble de 13 corps d’armée à 6 divisions, plus une réserve stratégique de 20 divisions, soit au total 98 divisions. Chaque corps avait normalement 3 divisions en ligne et 4 de réserve immédiate. Le front divisionnaire était d’environ 1 500 mètres.
Dès le 21 mars, l’ennemi engagea 44 divisions ; le 22, il en engagea 11 autres ; le 23, 4 ; le 24, 9 ; le 25, 6 ; le 27, 4. Aucune réserve nouvelle ne fut mise en ligne le 28. A partir de ce jour, le mouvement ennemi s’arrêta. Cependant, une nouvelle division entra en ligne le 29, 2 le 30 et une le 31.
Ainsi, dans les onze derniers jours de mars, l’ennemi a