Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à un autre tout opposé. Il n’est pas une proposition, quelle qu’elle soit, pas un croquis, fût-il informe, pas une suggestion, fût-elle même manifestement incohérente, qui ne soit examinée par la commission où siège, sous la présidence du grand physicien Violle, l’élite des techniciens de ce pays. Chaque projet fait, quelle que soit sa valeur, l’objet d’un rapport motivé et discuté par la commission. Or, depuis qu’a été institué en 1915 le ministère des Inventions jusqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, elle a reçu plus de 26 000 propositions. Le total dépasserait 10 000 si on y ajoutait celles qui furent envoyée. antérieurement, et depuis le début de la guerre, aux ministère de la Guerre et de la Marine. On imagine ce que représente de travail ingrat et désintéressé l’examen de cette quantité de projets disparates. Et pourtant, bien que l’erreur soit, hélas ! humaine, on ne peut guère citer d’idées vraiment utiles et neuves, de projets originaux et étudiés qui aient été écartés depuis 1915.


D’où vient cependant que la Commission des Inventions, où travaillent, encore un coup, suivant la tradition des Monge, des Berthollet, des Lavoisier. les meilleurs techniciens de France, d’où vient qu’elle continue à avoir, comme on dit, une assez mauvaise presse ? Cela tient, à mon avis, à deux raisons. La première est qu’à côté d’inventeurs qui ont réellement apporté un progrès précieux, à côté d’un Georges Claude, à côté des inventeurs du V. B. un certain nombre des auteurs des projets présentés ou bien apportent une idée a priori irréalisable, ou bien apportent une idée déjà présentée avant eux sous une forme au moins aussi étudiée. Or, comme on ne peut pas le dire à l’inventeur, sous peine de risquer des divulgations dangereuses, comme d’autre part un des petits inconvéniens du régime démocratique est que peu de gens sont disposés à avouer qu’ils n’ont pas de génie, il en résulte des cas de mécontentement non toujours justifiés.

Mais… il y a un mais, il y a autre chose aussi, il faut bien l’avouer. Il arrive qu’un projet pris en considération par la Commission des Inventions et mis au point par les services techniques, — on en pourrait citer maint exemple, — ne soit finalement pas adopté, ou du moins pas généralisé aux armées. La Commission, — cette pelée, cette galeuse, — n’en saurait être rendue responsable, car son rôle, borné à un examen technique ne lui donne pas qualité pour ordonner