la région parisienne est en moyenne relativement peu redoutable et souvent négligeable, mais le nombre, la fréquence des coups a diminué beaucoup depuis le début et s’est singulièrement raréfiée.
Cela provient évidemment en partie de ce que les Allemands, en faisant coïncider leur premier bombardement de Paris avec la grande offensive qu’ils désiraient décisive, avaient compté doubler d’un effet moral sur la capitale le coup foudroyant qu’ils croyaient pouvoir asséner à nos armées et que l’héroïsme français a paré une fois de plus. En ce sens les projectiles du « Kanon » étaient vraiment des obus à double effet. C’est pourquoi donc ils avaient dès le premier jour intensifié leur tir sans tenir compte de l’usure des pièces, pensant bien qu’elle ne serait pas plus rapide, en tout état de cause, que celle des armées alliées. Là, ils s’étaient trompés.
Si le tir sur Paris s’est ralenti, c’est donc que « qui veut voyager loin ménage sa monture. » C’est aussi que l’usure progressive du « Kanon » ou plutôt des canons rend de plus en plus difficile leur service et doit exiger des réparations et des précautions sans cesse accrues.
C’est enfin et surtout que nous avons pris des mesures efficaces pour contrebattre et gêner ce tir. Pour cela, il fallait avant tout savoir où étaient exactement montés ces « Kanons ». Il fallait les repérer.
Le repérage visuel ou photographique, en particulier le repérage par photographies d’avion, n’est pas facile dans ce cas ; d’abord parce que les abords de ces pièces sont certainement gardés de nos avions de reconnaissance par de puissantes escadrilles ennemies et des batteries diverses antiaériennes (c’est ainsi qu’on dit, au mépris de Vaugelas), ensuite parce que, dissimulées dans des bois, elles sont évidemment camouflées pour les dérober aux vues, et au besoin masquées par des fumées artificielles.
Il y a une autre méthode de repérage classique chez les belligérans : le repérage aux lueurs, la lueur d’un coup de canon, observée avec des instrumens gradués en deux ou trois stations éloignées fournit des directions dont le recoupement situe sur la carte la pièce cherchée.
Si les Allemands pendant les premiers temps n’ont tiré que le jour et jamais la nuit sur ra région parisienne, c’était précisément pour éviter que cette méthode fût appliquée à leurs pièces à longue portée. Il est clair en effet que les lueurs sont beaucoup plus visibles et de plus loin la nuit que le jour, que les produits fumigènes peuvent non pas les dissimuler, mais tout au plus les diffuser dans l’obscurité ; étant données la longueur d’environ 25 mètres de la pièce et la flamme