coopération efficace aux emprunts de guerre. Et il est hors de doute qu’il y a beaucoup d’argent tchèque dans le trésor impérial : — il y a tout celui que les autorités ont confisqué aux caisses d’épargne et aux banques populaires de Bohème ! Mais à d’autres heures, quand ils ne se croient pas regardés, les Allemands d’Autriche laissent échapper la vérité : ils accusent les Tchèques d’avoir « saboté » les emprunts. Ç’a été un de leurs arguments pour retenir si longtemps en prison le célèbre leader tchèque Kramarz ; ç’a été aussi le grief invoqué, plus récemment, pour arrêter le directeur de la grande Banque Industrielle de Prague, M. Jaroslav Preis, et quatre de ses collègues. Si bien qu’alternativement, selon les besoins de la polémique, les mêmes Tchèques sont présentés comme de fidèles serviteurs du Trésor ou comme ses pires adversaires.
C’est la seconde assertion qui est la vraie, et les chiffres le prouvent. De l’aveu du gouvernement, pendant que la partie allemande de la population cisleithane souscrivait 18 milliards de couronnes, la partie tchèque, qui est à peine moins nombreuse, ne souscrivit qu’un milliard et un quart. Or, les pays tchèques sont les plus riches de l’Empire. Il suffit de rapprocher ces deux faits pour que la conclusion s’en dégage toute seule : c’est que les Tchèques, peut-être par antipathie naturelle contre le gouvernement de Vienne, peut-être par obéissance aux conseils de leurs chefs politiques et de leurs financiers, et probablement pour ces deux motifs à la fois, ont donné à leurs maîtres le moins d’argent possible ; autant qu’il était en eux, ils ont ôté des mains meurtrières de l’Autriche le « nerf de la guerre, » — qui, en l’espèce, était aussi le nerf du crime.
Même « sabotage » dans la vie constitutionnelle et parlementaire de l’Etat autrichien. Ce n’est pas ici le lieu de retracer l’histoire si complexe de toutes les agitations qui l’ont troublée : discours véhéments et controverses de presse, manifestations populaires, — et aussi mesures de police, arrestations, emprisonnements de civils, procès de haute trahison, pendaisons ou fusillades. Il n’y a pas d’hyperbole à dire que, depuis août 1914, le gouvernement autrichien soutient deux guerres à la fois, l’une contre l’Entente, l’autre contre la moitié de ses propres sujets. Or, dans cette moitié hostile, les Tchèques sont au premier rang. C’est après eux, et le plus souvent sur leur modèle et selon leurs conseils, que les autres peuples slaves de la