et de confiance dont il sentait la haute noblesse et la parfaite proportion, assoupli qu’il était à s’éprendre des choses avec discernement. Sa part de commandement, pour locale qu’elle fût, s’était révélée efficace, franche de toute amplification littéraire, réelle. S’unir par un lien strict à une immense chose humaine était pour lui un privilège, et l’idée qu’on y pût voir un sacrifice l’eût fait sourire, ce qui était parfois sa façon de s’indigner.
Et il était trop sincère pour souhaiter d’autre récompense que celle qui se consomme dans l’acte méritoire ; trop humble pour se croire capable d’attirer des bienfaits par l’intercession de sa mort. Il a sans doute considéré celle-ci comme un accident, et rien de plus. Mais quand il l’a sentie venir, il a pu l’affronter sans rancune. Il avait risqué sa mise loyalement, et la perdait selon les règles du jeu. Dans la sérénité de sa dernière heure, relisant d’un coup d’œil le chemin qui l’y avait conduit, je pense qu’il l’a trouvé spacieux, souple de trait, bien orné. Si sa mort n’ajoutait rien pour lui-même à sa vie, si elle lui imposait le repos quand il n’était pas encore las, il savait pourtant qu’elle continuait sa tâche, et ne tromperait point ceux qui chercheraient dans son exemple un appui.
J’admire ce dévouement lucide pour une cause choisie.
J’aime cette mort humaine au service de la France.
JEAN LARTIGUE.