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nous sommes, » déclarait un correspondant d’Alsace au journal l’Univers[1].

Les autres candidatures ecclésiastiques étaient : dans le Bas-Rhin, celle de l’abbé Philippi pour Molsheim et Erstein ; dans le Haut-Rhin, celle de l’abbé Sœhnlin, curé de Neuf-Brisach, pour la circonscription de Colmar ; de l’abbé Winterer, curé de Mulhouse, pour la circonscription d’Altkirch et Thann ; celle de l’abbé Guerber, supérieur du petit séminaire de Zillisheim, pour la circonscription de Guebwiller ; et celle enfin de l’abbé Simonis, supérieur du couvent de Niederbronn, pour la circonscription de Ribeauvillé et Sainte-Marie-aux-Mines.

A côté de ces candidatures catholiques, conservatrices, protestantes et libérales, mais toutes uniformément de protestation nationale française, d’autres groupemens avaient tenu à présenter aussi des candidats.

C’était d’abord la « petite coterie » (c’est un Alsacien qui la désigne ainsi) qui, sous le titre d’ « Alsaciens autonomes, » se composait « en partie d’hommes sincères et bien intentionnés, mais aussi de quelques intrigans qui, sous le prétexte de sauvegarder les intérêts de leur chère patrie restreinte (comme ils appellent l’Alsace), songent surtout à leurs propres intérêts. Ce sont des spéculateurs en terrains et en immeubles et quelques Alsaciens qui ont accepté du gouvernement allemand des places lucratives qu’ils tiennent à conserver[2]. » C’est au Lorrain Edmond About, directeur du XIXe Siècle, qu’était adressée cette note par un de ses compatriotes d’Alsace.

Il est bon de faire remarquer ici que toute assimilation doit être formellement écartée entre ces « autonomistes » de la première heure et les Alsaciens qui, depuis lors, contraints par le silence douloureux et obstiné gardé en France par amour de la paix, ont dû, la rage au cœur, restreindre, hélas ! à ces proportions modestes d’autonomie, leurs revendications nationales.

Le chef de la « faction de l’Autonomie » était M. Schneegans, qui expliquait ainsi ses sentimens aux électeurs : « La douloureuse séparation d’avec notre ancienne patrie est consacrée par des traités ; si l’Allemagne nous a annexés, la France

  1. L’Univers, Dimanche, 18 janvier 1874.
  2. Le XIXe Siècle. Jeudi 8 janvier. Voy. aussi Florent Matter, l’Alsace-Lorraine de nos jours. Paris, 1908 et F. Régamey, l’Alsace après 1870, in-16. Paris, 1911.