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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/927

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prétention de l’Allemagne à considérer et traiter les vaisseaux marchands armés pour leur défense comme des croiseurs ennemis, elle est légalement inadmissible et ne sera pas admise par les Etats-Unis.

Les journaux ont dit à l’époque, qu’à la lecture de cette réponse l’ambassadeur était entré dans une violente colère. Ceux pourtant qui l’avaient déjà vu à l’œuvre ont pensé qu’il avait considéré, tout de suite et seulement, comment il allait faire tourner la partie et par quel nouveau coup il pourrait mettre l’adversaire en défaut. C’était mieux le connaître.

Il cherche, comme toujours et d’abord, à détourner l’attention publique. Il crée des embarras au gouvernement et au Président. Au Congrès et par l’intermédiaire des fameuses organisations dont la découverte fera scandale plus tard, les sénateurs et représentants germanophiles et pacifistes sont pressentis, pressés d’agir. On leur demande de multiplier les discours, de mettre le Congrès en garde contre les actions trop précipitées, de l’incliner à accepter la solution allemande, et de réclamer enfin le désarmement des vaisseaux marchands. D’autre part, et comme par enchantement, des troublés se produisent sur la frontière mexicaine. Une expédition contre Villa est décidée à Washington. Le bandit est supposé avoir franchi la frontière, s’être réfugié avec ses partisans au Texas. De son côté, Carranza parle de déclarer la guerre, si les Etats-Unis lui refusent l’autorisation de poursuivre en territoire américain les Mexicains révoltés. Les troupes mexicaines se montrent partout agressives contre la population et les troupes des Etats-Unis.

C’est un hasard, une lettre de Vera-Cruz, qui apprend, — ce dont on se doutait fort, — que des agents allemands sont derrière l’un et l’autre des deux partis mexicains et qu’impartialement, mais de leur mieux, ils les excitent l’un contre l’autre, en même temps qu’ils attisent les haines de chacun contre les Américains du Nord. La guerre avec le Mexique est dès lors envisagée : elle parait probable.

On sait avec quelle habileté le Président Wilson déjoua encore le coup, comment d’une part il obtint du Congrès, à une forte majorité, un vote de confiance approuvant sa politique « pour la souveraineté des États-Unis ; » comment d’autre part et en ordonnant l’envoi de 5 000 réguliers sous les ordres du