n’ont pas ou presque pas subi de majoration ; d’autres ont doublé, quintuplé, décuplé, bien que la monnaie, l’instrument de paiement, soit le même pour tous.
Par cette hausse même la nouvelle richesse est en partie factice. De combien, voilà qui n’est pas facile à dire I Pour apprécier ce qu’elle pourra valoir demain par rapport au train de vie d’hier, il faudrait évaluer la moyenne de renchérissement en tenant compte de la place que tient chaque dépense : il est clair qu’une hausse du sextuple sur le savon n’a pas la même répercussion qu’une hausse de 50 pour 100 sur le pain ; et il va de soi que chaque nature de dépenses ne tient pas la même place dans tous les budgets ; que chacun, suivant son degré d’aisance ou de richesse, est plus ou moins touché par la hausse de tel article ou de tel chapitre. Certaines hausses, s’il s’agit d’honoraires ou d’appointements des professions libérales, sont, suivant les situations respectives, une charge pour les uns, un avantage pour les autres.
De plus, les prix, à l’heure où nous sommes, étant soumis à de brusques fluctuations, une solution, exacte aujourd’hui, ne le serait plus demain et surtout ne le serait plus après la guerre. Quels seront les prix du temps de paix ? Qui pourrait se hasarder à dégager cet inconnu, soumis a tant d’influences contradictoires qui ramèneront l’abondance ou provoqueront la rareté ?
Pour les salaires, par exemple, l’extension du machinisme, son application à l’agriculture, comblera-t-elle les vides que le feu de l’ennemi a fait dans nos rangs ? Le travail féminin persistera-t-il ? La main-d’œuvre étrangère, immigrée de pays amis, d’Italie ou de Belgique, sera-t-elle offerte et accueillie ? La nôtre sera-t-elle sollicitée au dehors, ne fut-ce que par les dollars des États-Unis ? Les nouveaux et inévitables impôts feront-ils obstacle à la dépense et, réduisant plus ou moins la consommation, ne réduiront-ils pas la production ? Comment les industries françaises qui vivent de l’exportation arriveront-elles à franchir les murailles douanières, derrière lesquelles chaque pays s’abritera, autant pour protéger son industrie nationale, surchargée de taxes intérieures, que pour alimenter sa caisse ?