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LES BICHES>


Biches qui rôdez dans le bois,
Calmes, perplexes, attentives,
Et qui, dans l’instant où j’arrive,
Vous dissipez autour de moi

Lentement, mollement, chacune,
En cercle autour de mon regard,
Comme un nuage au ciel du soir
Se défait autour de la lune,

Que j’aime vos airs vaporeux,
Et ces grands flocons de silence
Qui tombent avec nonchalance
De vos pas prudents et peureux !

Douces, et pourtant infidèles,
Vous fuyez en tressant vos pieds,
Avec des regards effrayés,
Comme un oiseau avec ses ailes !

Tendres animaux clandestins
Vêtus de bure, Couventines,
Qui frémissez dans le matin
Comme des cloches en sourdine,

Dans cette suave saison
J’entends bien vos songes qui volent,
Lorsque les calmes chemins sont
Pleins de sentiments sans paroles !

— O rêveuse Communauté
En oraison dans le feuillage,
Immenses papillons d’été,
Corps qui ne semblez qu’un sillage,