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marché de la.production. Les États-Unis tendent à prendre une supériorité analogue pour la consommation (11 000 tonnes par an). On sait quelle est la situation de la France et de l’Italie pour le marché des soies brutes et pour la soie ouvrée. Quant à l’Allemagne, qui ne produit pas de soie grège et qui exporte pour une valeur sensiblement égale à celle de son importation, son rôle est surtout celui d’un commissionnaire diligent et d’un intermédiaire, dont les bénéfices ne sont pas négligeables. Les régions de Crefeld et d’Elberfeld pourraient être particulièrement frappées.

Actuellement, il y a lieu de remarquer que le tissage de la soie est la seule industrie textile qui, en Allemagne, marche à une allure demi-normale : les articles de soie remplaçant dans bien des cas ceux de colon et de laine. Cette situation tient au moins en partie au retard qui a été apporté dans le blocus, du côté de l’Italie et de la Suisse et qui a favorisé la constitution de stocks. L’Italie perdait, en effet, en Allemagne, un débouché considérable : 140 millions de francs de soie naturelle, 7 millions de filés de soie, etc. Ce sont des difficultés de ce genre que l’on peut prévoir dans l’avenir. Néanmoins, une entente entre la France et l’Italie ne parait pas impossible. Et, d’autre part, le Japon, où l’on tend à multiplier les tissages, pourrait développer ses spécialités sans nuire aux industries européennes.

Si nous privions l’Allemagne de soie, elle aurait comme ressource de développer la production on Turquie et en Russie : quoiqu’on Turquie, une bonne partie du tonnage (environ 500 tonnes, valant 25 millions de francs) vienne de la Syrie, où la France possède une situation économique toute spéciale. Elle pourrait également reporter son effort sur la soie artificielle, dont elle produisait déjà 1 200 tonnes et l’Autriche 300 tonnes (sur 8 000 dans le monde) ; mais on sait que, pour les beaux articles, le produit artificiel ne peut lutter encore contre le produit naturel.

Le problème du caoutchouc a pris une importance de guerre que démontre le progrès rapide de sa consommation dans les pays alliés ; les principaux de ses emplois survivront à la paix. En temps de guerre, c’est un des points où nous sommes arrivés par le blocus à amener chez les Centraux une disette réelle. Ils auront, de ce chef, outre leur consommation courante, tous leurs stocks à reconstituer. Si l’on ajoute que l’Allemagne