par une passerelle imparfaitement détruite, jetait cependant quelques éléments de sa 89e brigade sur la rive droite.
Les Anglais étaient arrivés à peu près à la même heure sur la rive gauche de l’Aisne qu’ils comptaient passer entre Soissons et Bucy-le-Long : le 1er corps (Douglas Haig) visant Bourg et Comin, le 2e (Smith-Dorrien) Vailly, et le 3e (Pulteney) Bucy-le-Long ; le 11, la cavalerie (Allenby et Gough) débouchait sur la rive gauche. C’est alors que, trouvant les ponts détruits, et instruits que l’aile droite de la 6e armée rencontrait, à l’Ouest de Soissons, une vive résistance, ils s’étaient arrêtés en face de la rivière. « D’après certains indices, recueillis tout le long de la ligne, écrit French, je me formai l’opinion que l’ennemi avait, pour le moment du moins, suspendu sa retraite et se préparait à disputer le passage de l’Aisne avec quelque vigueur. » Le Maréchal cependant tenait pour momentanée cette résistance ennemie et se préparait à rétablir les ponts, d’accord avec les soldats de Maunoury à sa gauche, avec ceux de Franchet d’Esperey à sa droite.
Cette armée d’Esperey (la 5e), qui venait de bousculer autour de Montmirail le IIe corps allemand, s’était alors jetée sur les traces de l’ennemi, le 48e corps à gauche, 3e au centre et 1re à droite. Le général de Maud’huy, avec l’allant d’un jeune sous-lieutenant, s’était, à la tête du 18e, lancé à la poursuite et avait atteint, dès le 9 au soir, la Marne à Château-Thierry où, par malheur, il était resté immobilisé, alors qu’il eût pu se jeter, semble-t-il, au-delà de la rivière, contre le flanc de Klück, en retraite devant Maunoury. Peut-être, d’une façon générale, eût-il été préférable que la 5e armée fût alors nettement dirigée vers le Nord, où elle eût encore bousculé, le 10, les arrière-gardes et les convois de la Ire armée allemande. Mais la liaison particulièrement étroite que l’envoi du 10e corps à Foch établissait entre les 5e et 9e armées, tirait le général d’Esperey vers la Champagne. Son armée s’orientait donc non vers le Nord, mais vers le Nord-Est, puisque, le 10, elle donnait comme point de direction au 18e corps (Maud’huy) Vailly, au 4e groupe, (Valabrègue) Brenne, au 3e corps (Hache) Bazoche, au 1er corps (Deligny), Courville, tandis que le 10e corps restait provisoirement lié au sort de la 9e armée qui, ayant bousculé la garde dans l’inoubliable journée de Fère-Champenoise, s’avançait, à travers les marais de Saint-Gond, vers la Marne qu’elle allait