fortifiée ; bientôt on vit refluer les troupes jusqu’à la lisière Nord du bois de Beau-Marais. A l’autre extrémité de la ligne, on n’était pas plus heureux : la brigade Brulard attaquait sur la croupe qui de la ferme du Choléra au Campule César, dominait l’Aisne au Nord-Est de Berry-au-Bac ; projetée pour le petit jour, l’attaque tarda et par-là s’éventa ; les troupes escaladaient la pente, où, on s’en souvient, les Gaulois avaient jadis présenté en vain la bataille à César, lorsque soudain elles furent prises de flanc par des feux d’artillerie et de mitrailleuses partant des lisières Sud du bois de la Ville-au-Bois ; c’est que nous venions de perdre le petit massif, et tel événement détraquait toute ; la bataille Maud’huy.
La 35e division avait d’abord ténu bon, mais, vers dix heures soumises à un bombardement des plus violents et assaillies de deux côtés, ses troupes avaient abandonné le village, le bois, tout le massif. L’événement était grave : Pontavert était menacé et nous pouvions y être attaqués alors que notre gauche était encore en ligne du Chemin des Dames à l’Ouest d’Hurtebise au bois de Beau-Marais. Il fallait utiliser à reprendre le petit massif les troupes destinées à la prise de la croupe du Choléra qui, par la perte de la Ville-au-Bois, devenait sans utilité. Tandis que la brigade Brulard, redressée, s’orientait sur les bois, un régiment de zouaves était jeté sur la position : le bois était repris, mais l’ennemi tenait bon dans le village.
Sur ces entrefaites, la gauche de Maud’huy était à son tour violemment attaquée. La ferme d’Hurtebise était l’objectif visé par l’Allemand, et, avant même qu’il ne l’assaillit, ses obus y mettaient le feu. C’est donc à la lueur des flammes et dans un nuage de fumée, -— comme jadis, le 7 mars 1814, les Marie-Louise de Boyer de Rebeval, derrière la ferme incendiée par les Cosaques, — que les soldats de la 36e division tenaient, et, comme en 1814, ce n’était pas sans pertes cruelles ; mais à la fin de la journée, elles n’avaient pas reculé d’un pas du moulin de Vauclerc à Hurtebise, tandis que la 38e division, de la Creute au poteau d’Aillés, restait toujours à cheval sur le Chemin des Dames et dominait la vallée de l’Ailette. Cette situation était des plus scabreuses si, à gauche, les Anglais ne se décidaient pas à leur tour à enjamber le célèbre chemin au Sud de Cerny, si, surtout à droite, la Ville-au-Bois restait au pouvoir de l’ennemi. Mais on ne désespérait pas de décider